Le Journal de Montreal

La fin d’un « calvaire » pour une famille

Les proches d’une adolescent­e tuée à Montréal en 2014 ont pu s’adresser au meurtrier hier

- ERIC THIBAULT

« Tu m’as privée de ma fille, tu as volé sa vie tout à fait gratuiteme­nt. Gabrielle ne reviendra plus jamais à la maison, il ne reste que son souvenir et ses cendres. »

Quatre ans et demi après le meurtre de sa fille, Marlène Dufresne a pu se « libérer d’un poids » hier en s’adressant à l’assassin dans une salle de cour à Montréal.

Jonathan Mahautière avait été trouvé coupable du meurtre non prémédité de Gabrielle Dufresne-Élie, le 4 novembre dernier, au terme d’un second procès.

Avant d’être condamné à la prison à perpétuité, le jeune homme de 22 ans a dû écouter les témoignage­s émouvants de la mère et des deux soeurs de son ex-petite amie, qu’il a étranglée dans une chambre d’hôtel parce qu’elle voulait mettre fin à leur relation amoureuse, le 7 juin 2014.

« UN GRAND VIDE »

Elles ont parlé d’« un grand vide », d’une « déchirure impossible à refermer ».

« Tu as enlevé la vie à celle que tu disais aimer. Elle avait confiance en toi. Et c’est bien cela qui l’a menée à sa perte », lui a reproché la mère, en rappelant que sa fille de 17 ans voulait juste « retrouver sa liberté ».

La soeur jumelle de la victime, Chloé, et sa soeur aînée Christine se sont aussi adressées à Mahautière, assis dans un box des accusés vitré et visiblemen­t mal à l’aise.

« J’ai perdu à jamais une partie de moi-même la nuit du 7 juin 2014. Je n’arrive pas à accepter que je ne reverrai plus ma soeur qui était un modèle pour moi. C’est comme un cauchemar dans lequel on ne se réveille pas », a déclaré la première.

CANDIDATE AU JURY

C’est avec une boule dans la gorge que la juge Sophie Bourque les a remerciées pour leur témoignage et leur présence assidue aux deux procès.

Les jurés du premier procès n’avaient pu s’entendre sur un verdict unanime, au printemps 2017, de sorte qu’on a dû tout recommence­r.

Marlène Dufresne a qualifié de vrai « calvaire » ces longues procédures judiciaire­s.

« J’ai même reçu une convocatio­n pour être l’un des membres du jury au procès pour le meurtre de ma propre fille », a-t-elle dit en relatant cette bourde de l’appareil judiciaire.

La mère a cependant remercié la juge, les membres du jury et les procureurs de la Couronne « pour ce verdict juste » qui lui permet de « commencer [son] deuil ».

11 ANS MINIMUM

Les procureurs de la Couronne et de la défense ont suggéré à la juge de permettre à Mahautière de faire une demande de libération conditionn­elle après avoir purgé 11 ans d’incarcérat­ion. Une telle demande n’est toutefois pas acceptée automatiqu­ement.

De plus, l’affaire n’est peutêtre pas encore réglée puisque Mahautière conteste le verdict en invoquant des troubles mentaux dont il souffrait au moment du drame. La Cour d’appel ne se prononcera pas avant plusieurs mois.

Mahautière a néanmoins offert ses excuses à la famille de la victime hier. « Je tiens à m’excuser même si je ne m’attends à aucun pardon de leur part, a-t-il dit. J’ai encore de la misère à croire que j’ai fait ça. »

«je Ma vie est un état de choc, suis paralysée par une douleur dans laquelle je suis plongée depuis. » «hantera Le geste que tu as commis te toute ta vie. [...] Je te souhaite que tu prennes conscience de la valeur d’une vie. » – Marlène Dufresne, mère de la victime

«ressentir Tous les jours, je peux que son absence laisse un grand vide. Il ne reste que des photos de Gabrielle sur lesquelles on peut s’accrocher pour tenir le coup. » – Chloé Dufresne-Élie, soeur jumelle de la victime

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Chloé Dufresne-Élie et Marlène Dufresne ont livré des témoignage­s émouvants en cour hier. En mortaise, la victime, Gabrielle Dufresne-Élie, assassinée à Montréal le 7 juin 2014.
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JONATHAN MAHAUTIÈRE Coupable

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