Les Lavallois possèdent encore le condo de l’ex-maire
La Ville a attendu plus deux ans pour mettre en vente la résidence à 1 M$ saisie
La Ville de Laval n’a toujours pas mis en vente le luxueux condo de Gilles Vaillancourt dont elle est propriétaire depuis plus de deux ans.
L’ex-maire aura donc eu le temps de sortir du pénitencier avant que la Ville ne se départisse de son ancienne propriété.
Estimée à 1 million de dollars, le condo de l’ancien roi de Laval est entre les mains de la Ville depuis le 30 novembre 2016. Mais c’est seulement en janvier prochain qu’elle sera finalement affichée sur le marché immobilier.
En 2016, l’ex-maire avait été condamné à près de six ans de pénitencier après avoir reconnu sa culpabilité à des accusations de fraude, de complot en vue de commettre un acte criminel et d’abus de confiance. Il s’était alors engagé à rembourser 8,5 M$ à la Ville de Laval, remettant entre autres les clés de son condo de l’île Paton.
Notre Bureau d’enquête a appris que la Ville a attendu jusqu’à la semaine dernière avant de modifier sa réglementation et ainsi pouvoir vendre la propriété via un courtier immobilier.
Dans les 24 derniers mois, les frais liés à l’entretien de la propriété vide ont donc été assumés par les Lavallois.
UN CONDO COÛTEUX
En plus de se priver de taxes municipales et scolaires (puisque la Ville est propriétaire), il en a coûté près de 19 000 $ aux contribuables pour assumer les frais de condo payables au syndicat des copropriétaires de l’immeuble. Le chauffeeau a également dû être remplacé.
Éventuellement, il faudra ajouter les frais de courtage. La Ville n’a pas encore décidé si elle déboursera en plus des frais pour rénover la propriété avant la vente.
Le long délai avant la mise en vente s’explique par la situation « exceptionnelle » de ce condo, qui a été acquis consécutivement à un jugement, affirme la porte-parole de la Ville Sarah Bensadoun.
« La Ville a pris le temps de faire toutes les analyses nécessaires avant de procéder au changement réglementaire, qui était nécessaire pour la vente du condo », affirme cette dernière.
PAS CONVAINCUE
Cette explication ne convainc pas l’opposition.
« Depuis qu’on a ce condo-là, en deux ans, il y a eu 24 conseils municipaux officiels et plusieurs séances extraordinaires. Il aurait été opportun de bouger plus vite et on ne l’a pas fait », souligne le chef de Parti Laval, Michel Trottier.
« En plus, ça nous coûte des sous pour garder ce condo. C’est de l’inertie totale. Je ne comprends pas pourquoi on n’est jamais capables de mettre “vite” et “ville” dans la même phrase », poursuit le chef de l’opposition.
Jeudi dernier, Gilles Vaillancourt a obtenu sa libération conditionnelle totale, lui qui a passé la dernière année en maison de transition.