À la chasse aux affiches « illégales »
Des commerçants n’ont jamais entendu parler d’un règlement de la Ville de Montréal vieux de neuf ans
Des commerçants de Mercier— Hochelaga-Maisonneuve sont dans la mire de leur arrondissement qui semble soudainement vouloir appliquer un règlement datant de 2009 relié à l’affichage, quitte à envoyer des lettres d’huissier aux propriétaires et exiger des centaines de dollars en frais administratifs.
Isabelle Lavoie, du salon de quilles Darling sur la rue Ontario, est tombée des nues en recevant un avis d’huissier de la Ville de Montréal la semaine dernière.
Dans cette lettre, un inspecteur lui indique que trois de ses enseignes collées sur ses vitres sont non conformes. Il exige qu’elle se plie à la loi dans un délai de 10 jours.
« Il est interdit d’être exploitant sans qu’un certificat d’autorisation d’affichage n’ait été délivré pour l’établissement », peut-on y lire. La Ville demande aux commerçants de débourser 220 $ par enseigne pour étudier leur demande.
« Quand j’ai acheté la bâtisse en 2014, on m’a dit que j’avais un droit acquis sur mes affiches et, maintenant, je ne l’ai plus depuis la semaine dernière. À cause de ça, j’ai payé 660 $ [pour faire étudier le dossier] », s’est insurgée Mme Lavoie, qui a lancé une pétition pour dénoncer la situation.
PAS APPROUVÉES
Malgré sa demande, ses enseignes n’ont pas été approuvées. La Ville exige qu’elle réduise la taille de ses affiches de 50 % et qu’elle rende celles-ci « transparentes ».
« On a augmenté nos taxes. On a augmenté le salaire minimum. On nous demande de refaire nos affiches dans l’entrée du jour au lendemain et ça va me coûter 2000 $ toute cette histoire. C’est la goutte de trop. […] La Ville n’a-t-elle rien de mieux à faire que vérifier nos affiches ? » a critiqué Mme Lavoie.
Éric Milot, de la Lunetterie Milot, mentionne que son commerce a pignon sur la rue Ontario depuis 1978.
« On met des affiches sur notre vitrine depuis 1978 et on n’a jamais eu de problèmes. Et là, c’est la première fois qu’on a entendu qu’il fallait un certificat d’autorisation pour les mettre. Nous, on ne paiera pas 220 $ pour ça. On a juste décidé de tout retirer », s’est désolé M. Milot.
Ce dernier trouve dommage que la Ville mette des bâtons dans les roues des petits commerçants au lieu de les aider. Il affirme qu’il se concentrera sur son autre commerce situé sur la rue Masson, plutôt que celui de la rue Ontario dans le quartier Hochelaga.
Benjamin Fallourd, de William J. Walter Saucissier, situé sur la place Simon-Valois, a aussi vécu une problématique similaire.
98 AVIS ENVOYÉS
« Ils nous ont demandé dans une lettre la semaine dernière d’enlever tous nos tags dans les vitrines », a-t-il dit.
Selon son associée, Dominique Charest, cinq de leurs neuf enseignes ne seraient pas conformes à la réglementation.
Le maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, assure toutefois que des inspecteurs font cette tournée annuellement pour vérifier les affiches des commerçants.
« On a envoyé 98 avis depuis le mois d’octobre sur la rue Ontario. La grande majorité, c’est pour un affichage dans la fenêtre fait à la main qui ne respecte pas le règlement », a soutenu M. Lessard-Blais.
« C’est un règlement qui existe depuis une dizaine d’années, rien de nouveau ici », a-t-il ajouté.