May reporte le vote du Parlement sur le Brexit
L’opposition réclame la démission de la première ministre
LONDRES | (AFP) La première ministre britannique Theresa May a reporté hier le vote du Parlement sur l’accord de sortie de l’Union européenne, reculant devant l’opposition des députés et plongeant le processus de divorce dans l’incertitude.
« Nous allons reporter le vote prévu demain [mardi] », a dit Mme May devant la Chambre des communes, sans préciser de calendrier, dans une ambiance surchauffée.
« Avant le conseil européen [des 13 et 14 décembre], j’irai voir mes homologues des autres pays membres » de l’Union européenne pour « discuter avec eux des préoccupations exprimées par cette assemblée », a-t-elle ajouté. Elle rencontrera aujourd’hui le premier ministre néerlandais Mark Rutte à La Haye puis la chancelière allemande Angela Merkel pour des entretiens bilatéraux, a annoncé Downing Street dans la soirée.
CONTROVERSE
Mais Theresa May, dont l’avenir politique pourrait se jouer sur ce texte, a réaffirmé que l’accord conclu en novembre entre Londres et Bruxelles à l’issue de 17 mois de négociations était « le bon », et qu’« aucun accord n’est possible sans inclure » la disposition très controversée du filet de sécurité.
Cette disposition prévoit de maintenir l’ensemble du Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE, ainsi qu’un alignement réglementaire plus poussé pour l’Irlande du Nord, si aucun accord sur la future relation entre Bruxelles et Londres n’est conclu à l’issue d’une période de transition de 21 mois après le Brexit, prévu le 29 mars 2019.
Cet arrangement suscite une opposition de tous bords, depuis les europhiles, qui espèrent encore pouvoir faire marche arrière, jusqu’aux plus ardents « Brexiters », qui redoutent un arrimage permanent à l’UE.
« PERDU LE CONTRÔLE »
Alors que des cris appelant à la « démission » de Theresa May fusaient des bancs du Labour, le leader de l’opposition, le travailliste Jeremy Corbyn a vilipendé le gouvernement, estimant qu’il avait « perdu le contrôle des événements ».
Il a jugé que Theresa May ne pourra pas effacer les « défauts fondamentaux » du texte en obtenant quelques amendements « bâclés » auprès de Bruxelles. Il a obtenu la tenue aujourd’hui d’un « débat d’urgence » sur la décision de report du vote.