Québec veut cacher ceux qui gardent leurs signes religieux
Le gouvernement caquiste cherche un compromis pour éviter les mises à pied
QUÉBEC | François Legault suggère le compromis de relocaliser les enseignants, policiers, juges et gardiens de prison qui refuseront de retirer leurs signes religieux dans des bureaux sans contact avec les citoyens.
Le premier ministre a la ferme intention d’interdire le port de signes religieux chez les employés de l’État en position d’autorité. Mais M. Legault ne souhaite pas pour autant voir des gens perdre leur emploi.
« Il y a combien de personnes actuellement dans ces catégories d’employés qui portent un signe religieux ? Est-ce qu’on est capable d’offrir à ces employés-là des emplois dans des bureaux où ils ne sont pas en contact avec des clients ou des élèves ? a-t-il confié au micro d’Antoine Robitaille, animateur à QUB radio. Moi, je ne souhaite pas avoir une victime qui vient dire “j’ai perdu mon emploi alors qu’on m’avait pas dit ça quand on m’a embauché”. Ce n’est pas idéalement ce que je souhaite. »
Le chef du gouvernement caquiste n’est pas totalement fermé à l’idée de permettre aux employés actuels qui portent des signes religieux de conserver un droit acquis.
« Je veux une ouverture, je sais que le Parti québécois propose une clause grand-père, donc encore là, on va écouter les oppositions, on va écouter les groupes en commission parlementaire », a-t-il précisé, au cours d’une entrevue pré-enregistrée qui sera diffusée aujourd’hui à compter de 13 h.
PROMESSE RESPECTÉE
Les futurs employés de l’État en position d’autorité devront, eux, se plier aux nouvelles règles qui seront présentées dans le
« IL Y A COMBIEN DE PERSONNES [...] QUI PORTENT UN SIGNE RELIGIEUX ? EST-CE QU’ON EST CAPABLE [DE LEUR] OFFRIR DES EMPLOIS DANS DES BUREAUX OÙ ILS NE SONT PAS EN CONTACT AVEC DES CLIENTS OU DES ÉLÈVES ? » – François Legault, premier ministre
projet de loi sur la laïcité que va déposer le gouvernement de la CAQ.
« Ce qui est important, et c’est un engagement qu’on a pris très clairement pendant la campagne, c’est que les personnes qui sont en autorité, policiers, gardiens de prison, juges et les enseignants du primaire et du secondaire, ne pourront plus porter de signes religieux », a-t-il insisté.
Le gouvernement Legault a promis de légiférer pour régler la question rapidement, probablement au printemps.
Les péquistes souhaitent eux aussi interdire le port de signes religieux chez les personnes en position d’autorité, mais estiment que les employés actuels devraient pouvoir conserver leurs droits acquis.
SOLIDAIRES AVEC LA CAQ
Les élus de Québec solidaire défendent la position du rapport Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, qui recommandait d’interdire les signes religieux uniquement pour les juges, les policiers et les gardiens de prison, mais pas aux enseignants.
Les solidaires pourraient toutefois changer leur fusil d’épaule puisqu’ils doivent rafraîchir leur position sur la laïcité en mars prochain en congrès.
Auteurs du projet de loi 62 sur la laïcité, qui se limitait à interdire le visage couvert dans les services de l’État, les libéraux estiment qu’on ne peut aller plus loin sur le plan juridique.