Le Journal de Montreal

Une autre histoire incroyable qui se raconte à Saint-Élie-de-Caxton

L’ancienne patronne d’une firme d’eau de source aurait voulu quitter le Québec pour le Panama

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER Francine Lavoie n’a pas donné suite à la demande d’entrevue du Bureau d’enquête.

Il n’y a pas seulement Fred Pellerin qui raconte des histoires incroyable­s à Saint-Élie-de-Caxton. L’ancienne patronne d’une firme d’eau de source, qui a reçu une aide en prêt de 1 million $ d’Investisse­ment Québec, aurait voulu orchestrer la vente de son entreprise dans un paradis fiscal pour éviter l’impôt et se soustraire à ses créanciers, conclut un juge.

Les Sources Saint-Élie, une entreprise de ce village bucolique de la Mauricie, aspiraient dans les années 2000 à devenir « le Perrier du Québec ».

L’entreprise avait même mérité le prestigieu­x prix Superior Taste Award en 2007 en Belgique.

Son ex-patronne Francine Lavoie avait même remporté en 2008 le prix Entreprene­uriat féminin lors d’une Soirée des sommets Desjardins.

Mais Mme Lavoie, qui a vendu sa compagnie cette année, se retrouve aujourd’hui devant les tribunaux pour des dettes impayées alléguées.

Un ancien partenaire d’affaires de l’entreprene­ure, Sarkis Sarkissian, la poursuit pour 138 000 $.

Il allègue que Mme Lavoie devait lui verser une commission pour avoir trouvé un acheteur d’origine chinoise pour sa compagnie, ce qu’elle n’aurait pas fait.

L’affaire n’a pas encore connu de dénouement, mais en mai, le juge Pierre-C. Gagnon, de la Cour supérieure, a ordonné la saisie avant jugement des comptes bancaires de Mme Lavoie.

« Lues dans leur ensemble, les allégation­s [de Sarkis Sarkissian] suscitent une crainte objective que Mme Lavoie ait planifié la vente de son entreprise pour berner plusieurs personnes, dont son courtier M. Sarkissian, et se placer ensuite à l’abri de ses créanciers », a-t-il statué.

Selon le juge, la démarche de la femme entourant la vente de son entreprise d’eau de source est enrobée « d’une apparence malhonnête ». Il voit dans les allégation­s soumises devant lui « une intention de fraude fiscale » de la part de Mme Lavoie.

PARADIS FISCAUX

Selon les allégation­s de M. Sarkissian, Mme Lavoie aurait « exprimé le souhait de faire déposer le prix de vente [des Sources Saint-Élie] dans une banque à Hong Kong pour éluder l’impact fiscal au Canada ».

Elle aurait aussi maintes fois exprimé le désir de quitter le Québec pour le Panama, un autre paradis fiscal, une fois ses entreprise­s vendues.

La société Les Sources Saint-Élie a été vendue en mai à un groupe d’investisse­urs québécois.

Mme Lavoie est aussi l’ancienne patronne d’une autre compagnie d’eau embouteill­ée, Boreal Water Collection, active dans l’État de New York.

RITZ-CARLTON

Les Sources Saint-Élie puisent l’eau du soussol québécois pour ensuite la revendre à profit à de grandes chaînes comme Metro, Jean Coutu et Loblaws. Elle a aussi desservi dans le passé des hôtels comme le Ritz-Carlton et le St-Paul.

« On sert notre eau au Ritz-Carlton à Tokyo. Je suis bien fière de ça ! », avait déclaré Mme Lavoie en 2009.

Les Sources Saint-Élie ont connu des difficulté­s dans les années 2000, et ont reçu en 2009 un prêt d’Investisse­ment Québec (IQ) totalisant 820 000 $ issu du programme Renfort.

« Ce prêt a été remboursé », nous a indiqué Isabelle Fontaine, porte-parole d’IQ.

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