Des urgences bondées et risquées pour les patients
On dénombrait presque trois fois plus de patients que la capacité à Valleyfield
Complètement engorgées, les urgences des hôpitaux de Châteauguay et de Valleyfield deviennent des dangers potentiels pour les patients, s’inquiètent les infirmières. Et avec la saison de la grippe à nos portes, la situation pourrait empirer.
« Je ne nierai pas qu’il y a parfois des dangers pour les patients, dit Francine Savoie, présidente du syndicat local des professionnels en soins (FIQ) de la Montérégie-Ouest. Ça devient extrêmement difficile de s’assurer de donner des bons soins. »
Hier, l’urgence de Salaberry-de-Valleyfield affichait son pire taux d’occupation depuis une semaine, à 277 % (voir tableau). On a dénombré 61 patients installés sur civière alors que la capacité est de 22.
Le Journal a pu constater hier que les corridors adjacents à l’urgence sont tous bondés de civières, au point où les employés peinent à circuler entre les patients.
« C’est un boulevard, ici », déplore anonymement un homme qui accompagnait sa mère couchée sur une civière.
FAIRE LE TRI
N’ayant pas de sonnette, les patients doivent apostropher les employés au passage pour de l’aide. En fait, les urgences sont tellement engorgées que les infirmières doivent juger quels malades sont assez autonomes pour être placés dans le corridor.
« On évalue quel patient est “le moins pire”[…], et lequel je dois surveiller de plus près », explique Mme Savoie, qui salue tout de même les efforts des employés, qui font beaucoup d’heures supplémentaires.
En réponse, la direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Ouest souligne que des préposés sont attitrés aux gens dans le corridor.
« Oui, ça nous préoccupe. On regarde la situation de près », réagit Maryse Bégin, porte-parole du CISSS.
Voilà plusieurs mois, voire des années que les urgences de ces hôpitaux débordent.
Parmi les principaux facteurs, beaucoup de gens âgés hospitalisés attendent une place en résidence. Récemment, une pénurie de médecins a aussi créé des problèmes. Et une hausse de 13 % est notée cette année dans l’utilisation des ambulances.
CE SERA « DIFFICILE »
Et si la saison grippale frappe d’ici la fin de l’année comme prévu, l’engorgement pourrait empirer. Le CISSS assure qu’aucune unité ne sera fermée dans le temps des Fêtes. On encourage aussi les malades à éviter l’urgence au profit des cliniques de grippe.
« Ça risque d’être difficile à tous les points de vue. On va espérer que la vaccination soit protectrice », dit Francine Savoie.