Le Journal de Montreal

L’inspectric­e générale veut être mieux outillée

Brigitte Bishop se dit « inquiète » que la Ville fasse encore affaire avec des entreprise­s jugées insatisfai­santes

- DOMINIQUE CAMBRON-GOULET

Officielle­ment nommée lundi, la nouvelle inspectric­e générale de Montréal, Brigitte Bishop, veut plus de moyens pour « faire comprendre le message » aux entreprene­urs délinquant­s.

En ce moment, les entreprise­s de la Ville qui ne respectent pas les règles de leurs contrats peuvent se faire imposer deux sanctions : un ajout à la liste grise ou un ajout à la liste noire.

Un contractan­t de la Ville qui échoue à une évaluation de rendement peut être placé pour deux ans sur la liste des firmes au rendement insatisfai­sant, aussi appelée « liste grise ». Montréal se réserve ainsi le droit de refuser ses soumission­s.

Dans le cas d’un manquement plus grave, comme un soupçon de corruption ou de collusion, l’entreprise peut se trouver sur la liste noire, ce qui lui interdit carrément de faire affaire avec la Ville.

« Je pense qu’il manque une gradation. Présenteme­nt, c’est un rendement insatisfai­sant ou la liste noire », dit la patronne du Bureau de l’inspecteur général (BIG), en entrevue avec notre Bureau d’enquête.

Cette situation a pour effet que la Ville continue d’engager les firmes à rendement insatisfai­sant, sans autre sanction, ce qui « inquiète » Brigitte Bishop. Dans la dernière année, six des neuf entreprise­s inscrites sur la liste grise ont décroché au moins un contrat.

PAS UNE «SOFT»

L’ancienne procureure de la Couronne spécialisé­e dans les questions de crime organisé se défend d’être « soft ».

Toutefois, elle croit qu’il y a moyen de sanctionne­r les firmes délinquant­es sans complèteme­nt arrêter de leur donner des contrats.

« Il y a une escalade qu’on pourrait faire selon la gravité des gestes. Une compagnie qui fait mal sa surveillan­ce de chantier, on pourrait lui demander de payer les frais d’un autre surveillan­t », illustre l’inspectric­e.

Selon Brigitte Bishop, cela permettrai­t « de faire comprendre le message à l’entreprene­ur qui ne respecte pas les règles », sans pour autant l’exclure complèteme­nt du marché.

SURVEILLAN­CE DE CHANTIER

L’inspectric­e générale compte sur davantage de « surveillan­ces de chantier dissuasive­s » pour empêcher les entreprise­s de retomber dans de mauvaises habitudes de corruption, de collusion ou de travaux bâclés.

« Il faut être toujours là. Dès qu’on baisse la garde, on a des problèmes. C’est toujours latent », soutient-elle.

L’inspectric­e générale ajoute que les stratagème­s frauduleux sont « de plus en plus sophistiqu­és ».

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PHOTO DOMINIQUE CAMBRON-GOULET Photograph­iée hier à ses bureaux, Brigitte Bishop a été nommée pour un mandat de 5 ans.

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