L’inspectrice générale veut être mieux outillée
Brigitte Bishop se dit « inquiète » que la Ville fasse encore affaire avec des entreprises jugées insatisfaisantes
Officiellement nommée lundi, la nouvelle inspectrice générale de Montréal, Brigitte Bishop, veut plus de moyens pour « faire comprendre le message » aux entrepreneurs délinquants.
En ce moment, les entreprises de la Ville qui ne respectent pas les règles de leurs contrats peuvent se faire imposer deux sanctions : un ajout à la liste grise ou un ajout à la liste noire.
Un contractant de la Ville qui échoue à une évaluation de rendement peut être placé pour deux ans sur la liste des firmes au rendement insatisfaisant, aussi appelée « liste grise ». Montréal se réserve ainsi le droit de refuser ses soumissions.
Dans le cas d’un manquement plus grave, comme un soupçon de corruption ou de collusion, l’entreprise peut se trouver sur la liste noire, ce qui lui interdit carrément de faire affaire avec la Ville.
« Je pense qu’il manque une gradation. Présentement, c’est un rendement insatisfaisant ou la liste noire », dit la patronne du Bureau de l’inspecteur général (BIG), en entrevue avec notre Bureau d’enquête.
Cette situation a pour effet que la Ville continue d’engager les firmes à rendement insatisfaisant, sans autre sanction, ce qui « inquiète » Brigitte Bishop. Dans la dernière année, six des neuf entreprises inscrites sur la liste grise ont décroché au moins un contrat.
PAS UNE «SOFT»
L’ancienne procureure de la Couronne spécialisée dans les questions de crime organisé se défend d’être « soft ».
Toutefois, elle croit qu’il y a moyen de sanctionner les firmes délinquantes sans complètement arrêter de leur donner des contrats.
« Il y a une escalade qu’on pourrait faire selon la gravité des gestes. Une compagnie qui fait mal sa surveillance de chantier, on pourrait lui demander de payer les frais d’un autre surveillant », illustre l’inspectrice.
Selon Brigitte Bishop, cela permettrait « de faire comprendre le message à l’entrepreneur qui ne respecte pas les règles », sans pour autant l’exclure complètement du marché.
SURVEILLANCE DE CHANTIER
L’inspectrice générale compte sur davantage de « surveillances de chantier dissuasives » pour empêcher les entreprises de retomber dans de mauvaises habitudes de corruption, de collusion ou de travaux bâclés.
« Il faut être toujours là. Dès qu’on baisse la garde, on a des problèmes. C’est toujours latent », soutient-elle.
L’inspectrice générale ajoute que les stratagèmes frauduleux sont « de plus en plus sophistiqués ».