Macron jongle entre aides et débats pour sortir de la crise
Hier, l’Élysée a annoncé renoncer à certaines mesures, avant de faire volte-face
PARIS | (AFP) Le président français Emmanuel Macron, accaparé par le dossier compliqué des aides destinées à apaiser la colère des « gilets jaunes », s’efforce aussi de lancer au plus vite le « grand débat national » qui doit fournir une issue politique à la crise et a réuni en ce sens une bonne partie de son gouvernement hier soir à l’Élysée.
Depuis l’annonce le 10 décembre par le chef de l’État de gestes sur le salaire minimum (SMIC), les heures supplémentaires et les cotisations sociales qui n’ont pas convaincu des gilets jaunes, moins nombreux, mais encore très déterminés, l’exécutif continuait hier à préciser les détails de ces mesures.
DANS LA CONFUSION
Le tout dans la confusion, les services du premier ministre annonçant d’abord l’abandon des premières aides annoncées mi-novembre pour accompagner la transition énergétique, puis faisant volte-face en déclarant qu’elles seraient finalement maintenues.
Le premier ministre Édouard Philippe avait clarifié la veille l’annonce présidentielle assez vague d’une augmentation des 100 euros (150 $) pour les « smicards ». Ses services ont ensuite annoncé hier que plusieurs aides annoncées en novembre seraient abandonnées, pour cause d’économies.
Exit donc l’extension des aides financières à la transition énergétique à deux millions de foyers supplémentaires, le relèvement du barème kilométrique et le doublement de la prime à la casse pour les voitures des gros rouleurs. Économie : 130 millions d’euros (200 M$), au risque de brouiller le message du chef de l’État.
Renoncer à des mesures est « une VRAIE ERREUR. Et inaudible et incompréhensible dans la situation actuelle », a protesté sur Twitter un député du parti présidentiel, Matthieu Orphelin, avant un coup de théâtre : le gouvernement a finalement annoncé, « après discussion avec les parlementaires de la majorité », que toutes les mesures seraient maintenues pour le bien de la transition énergétique.
POLICIERS ÉPUISÉS
Sur un autre front, les policiers, épuisés par le conflit, ont à leur tour réclamé des primes. Pour calmer cette colère, le gouvernement a proposé hier une prime de 300 euros (460 $) pour 111 000 fonctionnaires. Coût : 33 millions d’euros (50 M$).
Plusieurs centaines de personnes se sont aussi rassemblées hier devant le ministère de l’Économie pour demander notamment une augmentation des pensions.
En chute libre dans les sondages, Emmanuel Macron cherche parallèlement à mettre sur le rail la grande concertation nationale qui doit servir d’exutoire à la colère des manifestants et fournir une issue politique à la crise.
Il a réuni en début de soirée à l’Élysée son premier ministre et 12 ministres pour plancher sur ce projet. Il a été décidé que la concertation se déroulerait en deux phases.