Lâchez-nous les baskets
Les cas de femmes victimes de violences sexuelles ou conjugales se multiplient. Il s’en trouve néanmoins pour blâmer les victimes. D’autres encore se permettent d’exiger des femmes qu’elles se transforment en détecteurs vivants à agresseurs.
D’autres les sermonnent en leur dictant de se doter d’une « estime d’ellesmêmes » assez forte pour décourager d’emblée tout geste de violence. Bref, on demande aux femmes d’« éviter » elles-mêmes de se faire violer, de se faire abaisser verbalement, de se faire battre ou de se faire tuer par un conjoint ou ex-conjoint enragé.
La réalité est pourtant ce qu’elle est. La dynamique propre aux agressions et à la violence conjugale prend racine chez des hommes cherchant à dominer « leur » femme à tout prix. Or, contre cette soif agressive de pouvoir, il n’existe aucun bouclier comportemental dont une femme pourrait se revêtir pour se « protéger » elle-même. Si ça existait, ça se saurait depuis longtemps.
AUCUN BOUCLIER
Les faits sont têtus. Selon les données connues, 96,8 % des agresseurs sont des hommes et 78,1 % de leurs victimes sont des femmes. La vaste majorité des agressions ont aussi lieu dans des résidences privées. Tant qu’à réfléchir, concentrons-nous plutôt sur le véritable problème, soit ce « 96,8 % ».
Devant un phénomène aussi massif, comment oser demander aux femmes de s’investir elles-mêmes d’un pouvoir magique leur permettant de deviner derrière quel visage d’homme se cache le monstre qui, un jour, pourrait la violer, la battre, l’abaisser à répétition ou même la tuer ?
HAUT ET FORT
Ce sont ces hommes qui doivent être « pointés » et punis, non pas leurs victimes. Alors, lâchez-nous les baskets avec les sermons livrés aux femmes. C’est aussi aux hommes respectueux des filles et des femmes à s’élever haut et fort contre toute forme de violence envers celles-ci.
Heureusement, ils sont de plus en plus nombreux à le faire. Force est toutefois de constater que cette lutte est encore loin d’être gagnée.