Le Journal de Montreal

Un an, 11 M$ et aucun projet

Bilan plus que mitigé pour la nouvelle Banque de l’infrastruc­ture du Canada

- PHILIPPE ORFALI

La Banque de l’infrastruc­ture du Canada (BIC), créée par le gouverneme­nt Trudeau, commençait ses activités il y a un an, presque jour pour jour. Mais depuis, l’institutio­n publique n’a finalement approuvé aucun projet, si ce n’est un prêt – déjà prévu – pour la constructi­on du Réseau express métropolit­ain (REM).

Annoncée en 2016, la BIC semble toujours tourner au ralenti.

Depuis un an, soit depuis la nomination d’un chef des investisse­ments par intérim, la BIC n’a en effet donné le feu vert au financemen­t d’aucun projet d’infrastruc­ture.

La seule exception ? Le train de la Caisse de dépôt, pour lequel le gouverneme­nt fédéral avait déjà approuvé un prêt plusieurs mois auparavant.

Pendant ce temps, les dépenses en salaires, frais de déplacemen­ts et de bureau, et autres tarifs de consultant­s se sont élevées à près de 11 millions $ en 2018, selon des documents rendus publics par la société d’État basée à Toronto.

« Quel est le gain pour la société ? Il n’y en a pas », déplore le député québécois Joël Godin.

RETOMBÉES NULLES ?

Selon le critique en matière d’infrastruc­ture du Parti conservate­ur, les retombées sont nulles, au Québec comme ailleurs. « La BIC ne s’est traduite par aucun résultat, et c’est inacceptab­le tout le temps que cela prend à démarrer, à être mis en place. Le démarrage, ça ne se ferait certaineme­nt pas comme ça dans le secteur privé. »

En entrevue, le président et chef de la direction de la BIC, Pierre Lavallée, tente de défendre ce bilan mitigé.

« On a presque complété l’embauche de l’équipe de direction. Il reste une nomination à annoncer. C’est vrai qu’il reste du personnel à embaucher », dit-il.

« Les délais [d’embauche] sont plus longs qu’on voudrait », reconnaît-il toutefois.

Il est vrai qu’aucun projet n’a été financé jusqu’à maintenant, mais cela s’en vient, dit-il, demandant aux contribuab­les d’être patients.

Il soutient que son équipe étudie à l’heure actuelle près d’une dizaine de projets, « depuis plusieurs mois ». Il refuse toutefois de spécifier les projets, ou d’indiquer les provinces dans lesquelles ils se déroulerai­ent.

« On est très satisfaits du nombre de projets intéressan­ts en phase d’élaboratio­n et de négociatio­n, des projets à travers le pays, dans des secteurs prioritair­es comme le transport en commun et l’infrastruc­ture qui supportent le commerce », dit M. Lavallée.

« C’est difficile de prévoir combien de temps les discussion­s et les négociatio­ns avec les partenaire­s peuvent prendre. On n’aura pas d’annonces demain matin, c’est sûr. On n’a pas de dates fixes pour une prochaine annonce d’investisse­ment », dit-il.

La BIC n’a pas non plus l’intention de se fixer un objectif de projets à financer annuelleme­nt.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN ALARIE ?? Le premier ministre canadien Justin Trudeau confirmait en juin 2017, à la gare Centrale de Montréal, un prêt de 1,283 G$ d’Ottawa au projet du REM. C’est, jusqu’à maintenant, le seul projet auquel la Banque de l’infrastruc­ture du Canada a été associée.
PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN ALARIE Le premier ministre canadien Justin Trudeau confirmait en juin 2017, à la gare Centrale de Montréal, un prêt de 1,283 G$ d’Ottawa au projet du REM. C’est, jusqu’à maintenant, le seul projet auquel la Banque de l’infrastruc­ture du Canada a été associée.
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PIERRE LAVALLÉE PDG de la Banque de l’infrastruc­ture

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