Un an, 11 M$ et aucun projet
Bilan plus que mitigé pour la nouvelle Banque de l’infrastructure du Canada
La Banque de l’infrastructure du Canada (BIC), créée par le gouvernement Trudeau, commençait ses activités il y a un an, presque jour pour jour. Mais depuis, l’institution publique n’a finalement approuvé aucun projet, si ce n’est un prêt – déjà prévu – pour la construction du Réseau express métropolitain (REM).
Annoncée en 2016, la BIC semble toujours tourner au ralenti.
Depuis un an, soit depuis la nomination d’un chef des investissements par intérim, la BIC n’a en effet donné le feu vert au financement d’aucun projet d’infrastructure.
La seule exception ? Le train de la Caisse de dépôt, pour lequel le gouvernement fédéral avait déjà approuvé un prêt plusieurs mois auparavant.
Pendant ce temps, les dépenses en salaires, frais de déplacements et de bureau, et autres tarifs de consultants se sont élevées à près de 11 millions $ en 2018, selon des documents rendus publics par la société d’État basée à Toronto.
« Quel est le gain pour la société ? Il n’y en a pas », déplore le député québécois Joël Godin.
RETOMBÉES NULLES ?
Selon le critique en matière d’infrastructure du Parti conservateur, les retombées sont nulles, au Québec comme ailleurs. « La BIC ne s’est traduite par aucun résultat, et c’est inacceptable tout le temps que cela prend à démarrer, à être mis en place. Le démarrage, ça ne se ferait certainement pas comme ça dans le secteur privé. »
En entrevue, le président et chef de la direction de la BIC, Pierre Lavallée, tente de défendre ce bilan mitigé.
« On a presque complété l’embauche de l’équipe de direction. Il reste une nomination à annoncer. C’est vrai qu’il reste du personnel à embaucher », dit-il.
« Les délais [d’embauche] sont plus longs qu’on voudrait », reconnaît-il toutefois.
Il est vrai qu’aucun projet n’a été financé jusqu’à maintenant, mais cela s’en vient, dit-il, demandant aux contribuables d’être patients.
Il soutient que son équipe étudie à l’heure actuelle près d’une dizaine de projets, « depuis plusieurs mois ». Il refuse toutefois de spécifier les projets, ou d’indiquer les provinces dans lesquelles ils se dérouleraient.
« On est très satisfaits du nombre de projets intéressants en phase d’élaboration et de négociation, des projets à travers le pays, dans des secteurs prioritaires comme le transport en commun et l’infrastructure qui supportent le commerce », dit M. Lavallée.
« C’est difficile de prévoir combien de temps les discussions et les négociations avec les partenaires peuvent prendre. On n’aura pas d’annonces demain matin, c’est sûr. On n’a pas de dates fixes pour une prochaine annonce d’investissement », dit-il.
La BIC n’a pas non plus l’intention de se fixer un objectif de projets à financer annuellement.