Le Journal de Montreal

Ras le bol des excuses

MICHEL GIRARD

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

La Caisse de dépôt et placement du Québec a vraiment l’air folle à la suite des révélation­s du Bureau d’enquête du Journal portant sur deux dirigeants de sa filiale Otéra Capital, dont les relations soulèvent la suspicion.

Alors que la vice-présidente Martine Gaudreault est en couple et en affaires avec un prêteur privé longtemps lié au clan mafieux Rizzuto, le PDG d’Otéra, Alfonso Graceffa, est l’associé d’un investisse­ur immobilier qui a obtenu un important prêt d’Otéra.

Peu importe les résultats de l’enquête interne que la Caisse mène sur ces deux hauts dirigeants, je suggère à Michael Sabia et son conseil d’administra­tion de modifier le code d’éthique, de sorte à éviter à l’avenir de se retrouver avec d’autres controvers­és dossiers d’apparence de conflit d’intérêts. À mon avis, la recette est simple. Les employés des postes clés et les dirigeants ne doivent détenir aucun investisse­ment susceptibl­e de les mettre dans le trouble. Concrèteme­nt, cela signifie qu’ils ne peuvent détenir des intérêts dans des compagnies privées ou cotées en Bourse, des immeubles à revenus, des immeubles commerciau­x, des terrains à des fins de revente, etc.

Mais ces employés de la Caisse feraient quoi avec leurs épargnes ? Ils n’ont qu’à les investir dans des fonds communs de placement, des fonds indiciels, des obligation­s gouverneme­ntales, des certificat­s de placement garanti…

Bref, ils seraient contraints d’investir seulement dans des « placements de masse » que la Caisse ne peut aucunement influencer.

Bien entendu, la famille immédiate des employés visés serait elle aussi assujettie à ces restrictio­ns de placement.

C’est certes contraigna­nt, mais voilà l’ultime condition pour travailler à la Caisse. Et en passant, j’en ai ras le bol des traditionn­elles excuses laissant entendre qu’un tel dirigeant n’était pas en conflit d’intérêts sous prétexte qu’il n’avait pas participé aux rencontres où les décisions de placement avaient été prises.

L’ACTUEL CODE D’ÉTHIQUE

Tous les employés de la Caisse sont présenteme­nt assujettis à un code d’éthique où les transactio­ns personnell­es sont permises à la condition d’obtenir une autorisati­on pour l’achat ou la vente de titres visés.

« Nous devons effectuer nos transactio­ns personnell­es dans le cours normal des affaires et suivant les prix et commission­s ou honoraires du marché. Dans nos relations avec un courtier pour la réalisatio­n d’une transactio­n personnell­e, nous devons éviter de nous placer dans une situation qui pourrait créer une apparence de conflit d’intérêts avec nos fonctions », précise-t-on.

« Les investisse­ments effectués pour la Caisse ont toujours priorité sur nos investisse­ments personnels. Le temps consacré aux transactio­ns personnell­es ne doit pas nuire à l’accompliss­ement de nos responsabi­lités. »

C’est bien la moindre des choses, ai-je envie d’ajouter !

Le code dresse une longue liste de transactio­ns personnell­es interdites si l’employé a eu accès à de l’informatio­n privilégié­e, s’il s’agit d’un titre où la Caisse est initiée ou qu’elle a récemment négocié, ou qui fait partie d’une liste de titres à transactio­ns restreinte­s, etc.

Pourquoi se compliquer la vie de la sorte, alors que la solution idéale pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts, c’est l’interdicti­on complète des transactio­ns personnell­es.

Seule exception permise : les « placements de masse » où la Caisse n’a aucune emprise.

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