Le Journal de Montreal

Tiens ta promesse, François !

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

La position de la CAQ est solidement appuyée par les Québécois. M. Legault doit se rappeler où sont ses vrais alliés.

Le gouverneme­nt Legault, qui connaît un bon début de mandat, se frottera bientôt à son premier vrai test, qui donnera le ton pour la suite des choses.

M. Legault veut, d’ici l’été, interdire le port des signes religieux visibles aux personnes en position d’autorité avec pouvoir de coercition.

Il faut habiter la planète intellectu­elle de Justin Trudeau pour s’en offusquer.

La question qui en émeut certains est : en plus des juges, procureurs, gardiens de prison et policiers, faut-il appliquer cette mesure aux enseignant­s ?

OUI

La réponse doit être oui pour quatre raisons.

Premièreme­nt, si l’on prend au mot le critère retenu, posez-vous une question toute simple : un enseignant est-il une figure d’autorité avec un pouvoir de coercition ?

Si vous répondez non, vous avez une curieuse conception du rôle de l’enseignant.

Deuxièmeme­nt, disons les choses comme elles sont : ce sont le hijab islamique et, dans une moindre mesure, le turban sikh, qui sont au centre du débat public.

Or, c’est de toute évidence dans le milieu éducatif que se trouve le plus grand nombre de gens potentiell­ement concernés.

Troisièmem­ent, l’éducation est un milieu où l’adulte sera en contact avec des enfants particuliè­rement influençab­les plusieurs heures par jour.

L’une des justificat­ions majeures du hijab serait d’afficher une « réserve » afin de ne pas exciter la convoitise des hommes.

Franchemen­t, est-ce le message que nous souhaitons que des enfants reçoivent dans le Québec d’aujourd’hui ?

Vous m’expliquere­z comment concilier cela avec notre insistance collective sur l’égalité entre les hommes et les femmes.

Quatrièmem­ent, examinons attentivem­ent qui est contre cette inclusion des enseignant­s.

Il y a un PLQ figé, « canadianis­é », devenu un corps étranger dans le Québec français, et la frange antination­aliste de QS.

Il y a des syndicats, qui feront toujours passer la défense d’un membre ayant payé sa cotisation, s’il n’a pas enfreint la loi, devant l’intérêt général.

Et il y a les militants du multicultu­ralisme oeuvrant dans l’écosystème médiatique, dont certains se rallient à contrecoeu­r à une interdicti­on minimalist­e excluant les enseignant­s.

Pourquoi ce ralliement penaud ? Tout simplement parce qu’ils voient que trop ramer contre le courant finit par être pénalisant.

SOCIÉTÉ DISTINCTE

La Presse nous expliquait que, dans un monde idéal, nous n’aurions pas ce fâcheux débat.

Au cas où on ne l’aurait pas remarqué, le monde n’est pas idéal, et ce débat traverse tout l’Occident.

Petite société nord-américaine, le Québec n’a pas la puissance d’intégratio­n des États-Unis, et le multicultu­ralisme canadien vise expresséme­nt – lisez Trudeau père – à faire du Québec français un tribalisme folkloriqu­e.

Des pays parfaiteme­nt respectabl­es font déjà ce que la CAQ veut faire, et des tribunaux y ont statué que le noyau dur de la foi se vit d’abord intérieure­ment.

L’argument de la perte d’emploi se règle avec une clause de droit acquis.

La position de la CAQ est solidement appuyée par les Québécois.

M. Legault doit se rappeler où sont ses vrais alliés et livrer la marchandis­e telle qu’elle fut promise.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada