Le Journal de Montreal

Un discours qui ne changera pas l’état de la désunion

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Le discours sur l’état de l’Union aurait pu être une occasion pour Donald Trump de changer la trajectoir­e de sa présidence, mais on a assisté plutôt à la première salve de ce qui s’annonce comme deux autres années de confrontat­ions partisanes.

Le président attendait avec impatience ce discours devant le Congrès et des dizaines de millions de téléspecta­teurs. Pour lui, c’était une bonne occasion de bonifier son image en faisant oublier ses frasques habituelle­s et les allégation­s qui pèsent sur lui.

Comme l’économie américaine se porte bien, il ne lui était pas difficile de faire bien paraître son administra­tion et de projeter une vision rassembleu­se pour rapprocher les partis qui partagent désormais le contrôle du Congrès.

Mais Donald Trump est resté fidèle à lui-même et son discours ne sortira pas la politique américaine du cul-desac actuel.

Donald Trump voulait lancer un appel à l’unité, mais cet appel sonne faux

L’UNITÉ À SENS UNIQUE

Donald Trump voulait lancer un appel à l’unité, mais cet appel sonne faux.

Comment répondre à une demande d’abandonner la « politique de la vengeance » quand elle vient d’un politicien qui s’est fait élire en promettant d’emprisonne­r son adversaire ? Peuton croire les appels au bipartisme d’un président qui insulte quotidienn­ement ses opposants démocrates et proclame qu’ils souhaitent l’augmentati­on du crime et approuvent le trafic d’êtres humains ?

Trump reste intraitabl­e sur l’enjeu symbolique du mur frontalier, que la majorité des Américains rejette et pour lequel il semble prêt à paralyser à nouveau le gouverneme­nt fédéral.

L’unité pour lui signifie un appui unanime et inconditio­nnel à son autorité.

MODESTES OUVERTURES

Quant aux moyens de s’entendre avec les démocrates sur des objectifs communs, le président a été plutôt vague. Sur les prix des médicament­s, les infrastruc­tures et les ententes commercial­es, la coopératio­n bipartisan­e est envisageab­le, mais il n’a pas de plan précis et il est loin d’être clair que son leadership facilitera l’entente entre les partis.

Le discours a eu ses bons moments, comme lorsque les femmes démocrates ont applaudi aux propos du président sur les progrès des femmes au travail et sur le nombre record d’élues féminines au Congrès. L’ironie est que plusieurs d’entre elles doivent leur élection au rejet de Trump.

FIDÈLE À LUI-MÊME

Comme d’habitude, Trump a saupoudré son discours de faussetés. Qu’il s’agisse d’enjoliver son bilan ou de semer la peur pour justifier son mur, la vérité ne suffit pas.

Trump invite les démocrates à l’unité, mais il menace de bloquer toute législatio­n s’ils ne renoncent pas aux enquêtes sur les allégation­s qui pèsent contre sa campagne de 2016, son entreprise, son comité inaugural et son administra­tion.

Ce discours donnait au président l’occasion de chasser le naturel pour redorer momentaném­ent son blason en agissant de manière « présidenti­elle ». Évidemment, le naturel est revenu au galop.

Donald Trump est devenu président en exploitant la désunion et il n’a fait depuis qu’accentuer les divisions. Son discours de mardi a confirmé qu’il n’a pas changé et qu’il ne changera pas.

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