Un discours qui ne changera pas l’état de la désunion
Le discours sur l’état de l’Union aurait pu être une occasion pour Donald Trump de changer la trajectoire de sa présidence, mais on a assisté plutôt à la première salve de ce qui s’annonce comme deux autres années de confrontations partisanes.
Le président attendait avec impatience ce discours devant le Congrès et des dizaines de millions de téléspectateurs. Pour lui, c’était une bonne occasion de bonifier son image en faisant oublier ses frasques habituelles et les allégations qui pèsent sur lui.
Comme l’économie américaine se porte bien, il ne lui était pas difficile de faire bien paraître son administration et de projeter une vision rassembleuse pour rapprocher les partis qui partagent désormais le contrôle du Congrès.
Mais Donald Trump est resté fidèle à lui-même et son discours ne sortira pas la politique américaine du cul-desac actuel.
Donald Trump voulait lancer un appel à l’unité, mais cet appel sonne faux
L’UNITÉ À SENS UNIQUE
Donald Trump voulait lancer un appel à l’unité, mais cet appel sonne faux.
Comment répondre à une demande d’abandonner la « politique de la vengeance » quand elle vient d’un politicien qui s’est fait élire en promettant d’emprisonner son adversaire ? Peuton croire les appels au bipartisme d’un président qui insulte quotidiennement ses opposants démocrates et proclame qu’ils souhaitent l’augmentation du crime et approuvent le trafic d’êtres humains ?
Trump reste intraitable sur l’enjeu symbolique du mur frontalier, que la majorité des Américains rejette et pour lequel il semble prêt à paralyser à nouveau le gouvernement fédéral.
L’unité pour lui signifie un appui unanime et inconditionnel à son autorité.
MODESTES OUVERTURES
Quant aux moyens de s’entendre avec les démocrates sur des objectifs communs, le président a été plutôt vague. Sur les prix des médicaments, les infrastructures et les ententes commerciales, la coopération bipartisane est envisageable, mais il n’a pas de plan précis et il est loin d’être clair que son leadership facilitera l’entente entre les partis.
Le discours a eu ses bons moments, comme lorsque les femmes démocrates ont applaudi aux propos du président sur les progrès des femmes au travail et sur le nombre record d’élues féminines au Congrès. L’ironie est que plusieurs d’entre elles doivent leur élection au rejet de Trump.
FIDÈLE À LUI-MÊME
Comme d’habitude, Trump a saupoudré son discours de faussetés. Qu’il s’agisse d’enjoliver son bilan ou de semer la peur pour justifier son mur, la vérité ne suffit pas.
Trump invite les démocrates à l’unité, mais il menace de bloquer toute législation s’ils ne renoncent pas aux enquêtes sur les allégations qui pèsent contre sa campagne de 2016, son entreprise, son comité inaugural et son administration.
Ce discours donnait au président l’occasion de chasser le naturel pour redorer momentanément son blason en agissant de manière « présidentielle ». Évidemment, le naturel est revenu au galop.
Donald Trump est devenu président en exploitant la désunion et il n’a fait depuis qu’accentuer les divisions. Son discours de mardi a confirmé qu’il n’a pas changé et qu’il ne changera pas.