ELLES SONT À BOUT DE SOUFFLE
Les infirmières ne chôment pas pour arriver à répondre aux besoins de la clientèle, ont confié au Journal trois professionnelles qui travaillent en CHSLD. Par peur de représailles, elles se sont confiées sous le couvert de l’anonymat.
TOUJOURS DES URGENCES
« Des fois, on est dans une chambre, et ça sonne dans une autre chambre. Si on n’arrive pas assez vite, la personne va chuter parce qu’elle s’est levée et a marché. […] C’est de la gestion de risque, l’état des résidents se détériore vite. » « Un matin, un patient avait une obstruction dans sa gastrostomie. En même temps, on m’appelait pour une autre urgence. J’ai finalement fait la gastrostomie à 14 h, je n’ai pas eu le temps avant. Tout ce temps, le patient n’a pas pu manger. »
CLIENTÈLE LOURDE
« La clientèle est de plus en plus lourde. Il faut avoir des connaissances générales pour être capable de dealer avec toute la diversité des soins. Je comprends les jeunes infirmières, ça doit être dur. Elles se découragent, trouvent la charge trop lourde, et je les comprends. »
TOUTES SORTES DE TÂCHES
« Des fois, on est obligé de passer la moppe, parce qu’on est seul de nuit, et qu’il n’y a personne d’autre. »
PAS LE TEMPS DE MANGER
« Ces temps-ci, on n’a jamais pris aucune heure de repas. On ne peut pas, on n’a pas le temps du tout. Et je dis aux préposées et aux auxiliaires : “Vous ne pouvez pas partir de la bâtisse, sinon vous me mettez dans le trouble”. »
AGRESSÉE PAR UNE PATIENTE
Une infirmière de nuit a été frappée par une résidente atteinte de démence qui ne voulait pas retourner dormir dans sa chambre. « Elle restait dans le fauteuil pendant deux heures. J’ai tenté de la convaincre, elle m’a agressée, m’a donné des coups. Mais seule, je ne pouvais pas la déplacer. J’ai eu mal à l’avant-bras plusieurs jours, mais on ne peut rien faire. J’ai eu peur. »
DÉVALORISANT
« Je n’ai jamais l’impression de bien faire mon travail. Je suis infirmière pour donner des soins aux patients, mais on n’a pas le temps de prendre une pression deux fois par jour. […] Je pense à partir. J’ai appliqué ailleurs, mais on m’a dit que c’est la même chose partout. » « Je me sens dévalorisée, parce que je [ne] fais pas mon travail. […] Ce n’est pas mon rôle de changer les culottes et déplacer des patients. »