Des millions $ en services externes pour « transformer » la société d’État
Malgré la croissance des embauches de cadres, le recours à des consultants explose
Même si la masse salariale de sa direction ne cesse d’augmenter, Investissement Québec continue de dépenser des millions $ en services professionnels externes, a constaté Le Journal.
Tant le conseil d’administration de la société d’État que sa haute direction ont consacré près de 16 millions $ en services professionnels divers depuis 2014, révèlent des données obtenues par Le Journal en vertu de la Loi d’accès à l’information.
En 2014 et 2015, ces divers contrats ont totalisé près de 2,4 millions $ par an, avant de bondir à plus de 5,2 millions $ l’année suivante.
En 2017, les sommes consacrées à des consultants externes ont légèrement baissé à 4,4 millions $.
Pendant cette même année, le nombre de cadres à Investissement Québec est passé de 51 à 88, une hausse de 73 %. La masse salariale du personnel de gestion de la société a elle aussi bondi de 55 %, pour s’établir à 14,3 millions $.
Investissement Québec explique que les sommes consacrées aux services externes ont plus que doublé en 2016 en raison de la « vaste opération de transformation » entreprise cette année-là.
RAPPORT DÉVASTATEUR DU VG
Ce grand ménage faisait suite à un rapport dévastateur du Vérificateur général du Québec (VGQ) sur la rentabilité financière et la performance économique d’Investissement Québec.
Investissement Québec a notamment remis 511 000 $, plus les taxes, au cabinet d’avocats Fasken Martineau pour que celui-ci « appuie », à titre de conseiller juridique, un comité spécial chargé de « l’optimisation de l’évolution et de la gouvernance d’IQ ».
Un autre mandat, de 25 000 $, a été accordé à Ernst & Young en matière de gouvernance financière.
« Concrètement, nous avons revu l’ensemble de nos processus d’affaires pour répondre plus vite et plus simplement aux demandes de nos clients, nos partenaires et nos différentes parties prenantes », explique la porte-parole Isabelle Fontaine.
« Nous avons mis à jour nos pratiques de gestion et nous avons redessiné notre structure organisationnelle afin d’être mieux outillés pour satisfaire nos clients et mieux remplir notre rôle », fait-elle valoir.
C’est cette nouvelle structure organisationnelle qui s’est traduite par une explosion du nombre de gestionnaires au cours des dernières années.
« Notre démarche visait principalement à accroître notre agilité, réduire les délais de traitement des dossiers et rehausser l’expérience client », ajoute-t-elle.
Mme Fontaine a refusé d’indiquer si ces contrats avaient été octroyés dans le cadre d’appels d’offres ou de gré à gré. Les règles gouvernementales prévoient que les contrats de plus de 100 000 $ sont généralement octroyés par appel d’offres.
Avec Marie-Christine Trottier