Le Journal de Montreal

La camaraderi­e avant tout

Les Québécois de l’équipe des bosses misent sur la fraternité dans leur sport individuel

- ALAIN BERGERON

PARK CITY, Utah | Avec Mikaël Kingsbury qui se sert toujours le premier au buffet, on s’attendrait aux mêmes jalousies et commérages que vous entendez chaque jour au bureau. C’est pourtant tout le contraire dans l’équipe canadienne des bosses.

L’ambiance aux championna­ts mondiaux à Park City, ces jours-ci, n’est pas différente de celle en Coupe du monde, aux Jeux olympiques ou durant un quelconque camp d’entraîneme­nt. Dans cette discipline hautement compétitiv­e, les skieurs québécois nourrissen­t une fraternité qui est devenue leur marque de commerce et qui transcende leur sport.

« C’est une des valeurs les plus importante­s pour moi que d’avoir cette camaraderi­e », affirme Philippe Marquis, qui a déjà annoncé sa retraite à la fin de cette saison.

« C’est important de la cultiver pour le bien-être de notre équipe et pour bien profiter du sport qu’on fait. Il y a toujours eu une corrélatio­n entre l’ambiance dans l’équipe et la manière dont j’ai performé. Quand je me sentais bien, que je savais qu’on était proche et uni, qu’on se poussait l’un contre l’autre de façon amicale, j’étais toujours capable d’élever mon jeu », émet le doyen de l’équipe, pour qui le premier départ en Coupe du monde remonte à janvier 2008.

JAMAIS MALSAIN

Marquis, Kingsbury, Laurent Dumais et le substitut Kerrian Chunlaud forment, avec Brenden Kelly de Colombie-Britanniqu­e, l’effectif masculin de la feuille d’érable à ces mondiaux. Les quatre Québécois, comme ceux qui les ont précédés durant le cycle olympique précédent, ont appris à cohabiter.

Le premier entraîneme­nt d’hier ne s’est pas déroulé au goût de chacun en raison des fortes chutes de neige durant la nuit. Kingsbury, pour un, avait hâte de filer vers le bas, d’autant plus que le froid se faisait de plus en plus mordant. Malgré tout, ils ont accepté de s’attendre pour les besoins de la photo.

« On est tous des amis, on skie ensemble 11 mois sur 12. C’est sûr qu’on va parfois se taper sur les nerfs, et c’est normal. Mais il n’y a jamais rien de malsain », assure Chunlaud, qui dit ne pas être traité comme un exclu, malgré son statut de substitut.

RESPECT POUR LE PATRON

Cette amitié résiste dans un univers dominé par un seul homme. Seulement en Coupe du monde avec ses 78 podiums, Kingsbury joue dans une classe à part de Marquis (12) et Dumais (1).

« J’ai des bons coéquipier­s et je sais qu’ils sont contents pour moi. La plupart du temps, ils sont là pour m’attendre, pour qu’on célèbre ensemble. C’est sûr que je suis souvent sur le podium, et s’il y en avait un autre qui montait sur le podium, ils me négligerai­ent un peu parce que c’est plus rare, mais je trouverais ça bien normal », exprime le patron, qui tentera demain d’obtenir son deuxième titre mondial individuel.

« C’est même motivant de voir un Canadien toujours sur le podium. En même temps, ça nous botte les fesses. Pour ma part, quand je vois Mik sur le podium, je me dis que j’aimerais être là avec lui ou que j’aimerais le battre durant une course. Je repousse toujours mes limites pour qu’un jour, ça arrive », donne à entendre Dumais.

Ce jour-là, promis qu’on en fera un gros titre.

 ?? PHOTO ALAIN BERGERON ?? Les Québécois Kerrian Chunlaud, Philippe Marquis, Mikaël Kingsbury et Laurent Dumais (de gauche à droite) entretienn­ent la fraternité, même s’ils pratiquent un sport individuel. « Je considère important de léguer cette camaraderi­e parce que ç’a tellement eu d’importance dans mon développem­ent lorsque j’étais plus jeune. Je veux que les jeunes qui arrivent profitent de cette même porte ouverte que j’ai eue », affirme Marquis.
PHOTO ALAIN BERGERON Les Québécois Kerrian Chunlaud, Philippe Marquis, Mikaël Kingsbury et Laurent Dumais (de gauche à droite) entretienn­ent la fraternité, même s’ils pratiquent un sport individuel. « Je considère important de léguer cette camaraderi­e parce que ç’a tellement eu d’importance dans mon développem­ent lorsque j’étais plus jeune. Je veux que les jeunes qui arrivent profitent de cette même porte ouverte que j’ai eue », affirme Marquis.

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