Le Journal de Montreal

UN HOMME AUX MULTIPLES TALENTS

L’ancien du Canadien est retrouvé mort sur une pente de ski

- MARC DE FOY marc.defoy@quebecorme­dia.com

C’est arrivé mardi dans le décor fantastiqu­e de Whistler. Les gens avec lesquels André Boudrias aimait faire du ski l’attendaien­t au bas d’une pente. Comme André n’arrivait pas, ses amis ont pris le remonte-pente pour aller à sa recherche. Ils l’ont trouvé inanimé sur la piste. La thèse d’une attaque cardiaque est privilégié­e.

Façon bête de nous rappeler, encore une fois, qu’on est seulement de passage sur terre. La nouvelle a laissé ses connaissan­ces bouche bée.

« Un autre de parti », a réagi son ancien coéquipier Yvan Cournoyer lors d’un entretien téléphoniq­ue, hier après-midi.

SPORTIF ACCOMPLI

L’amitié entre les deux hommes remontait à l’époque où ils faisaient la pluie et le beau temps avec le Canadien junior. C’était au début des années 1960.

« André excellait dans tous les sports qu’il pratiquait, particuliè­rement dans le ski et le golf », a continué Cournoyer.

« Sans dire qu’il aurait pu connaître une grande carrière en ski alpin, il aurait fait un entraîneur incomparab­le. J’ai skié avec lui et il était impression­nant. »

Boudrias avait éprouvé des problèmes de santé au cours des dernières années. Il avait combattu avec succès un cancer de la prostate et subi une opération à coeur ouvert il y a deux ou trois ans.

Les gens qui l’avaient vu lors des retrouvail­les des membres de la dernière édition championne du Canadien au début de la saison l’avaient trouvé vieilli et amaigri. Mais il semblait quand même très bien se porter. Il prenait grand soin de sa santé. Il mangeait bien et se tenait en forme.

BELLE BROCHETTE DE CHOIX AU REPÊCHAGE

« André n’avait qu’une vitesse, comme Guy Émond », m’a dit Serge Savard, que Boudrias a servi durant ses 12 saisons au poste de directeur général du Canadien.

Boudrias touchait à tout dans son rôle d’adjoint à Savard. Le recrutemen­t était son principal domaine.

Plusieurs joueurs ayant connu de belles carrières avec le Canadien et d’autres équipes de la Ligue nationale ont été repêchés sous la direction du duo Savard-Boudrias, notamment Patrick Roy, Claude Lemieux, Stéphane Richer, Petr Svoboda, Shayne Corson, John LeClair, Éric Desjardins, Mathieu Schneider, Patrice Brisebois, Saku Koivu et José Théodore.

« André avait un très bon oeil pour le talent, d’ajouter Savard. Il était un grand fan de Koivu. »

Comme bien des responsabl­es du recrutemen­t, Boudrias a subi aussi son lot de critiques. Particuliè­rement à la fin des années 1980 et durant les années 1990, alors que l’organisati­on allait chercher ses premiers choix dans la Ligue de l’Ouest.

Mais c’était aussi à l’époque où il se disait les vraies choses entre les dirigeants d’équipe et les journalist­es. Boudrias défendait ses choix bec et ongles quand on lui renotait certains de ses choix. Il pouvait faire des compromis, mais pas trop.

C’était comme ça qu’on l’aimait.

JOUEUR INFATIGABL­E ET POLYVALENT

On avait tendance à oublier qu’il avait connu une belle car-

rière comme joueur. Comme plusieurs Québécois de son temps, il avait été enrôlé très jeune par l’organisati­on du Canadien.

Or, il n’a disputé que sept matchs avec le Tricolore entre les saisons 1963-1964 et 1966-1967. Par contre, l’unique but qu’il a marqué avait procuré le championna­t de la saison régulière au Tricolore en 1964.

Ce ne fut pas son seul fait d’armes durant ses années dans l’organisati­on. Prolifique marqueur avec le Canadien junior, il a terminé en tête des marqueurs de la Ligue de l’Ontario deux fois en trois ans (19611962 et 1963-1964). Entre ces deux saisons, Claude Ruel l’avait muté à la défense parce qu’il n’avait personne d’autre pour occuper un poste qui était vacant.

« André était un bon compétiteu­r », de raconter Cournoyer.

« Il était pratiqueme­nt toujours sur la glace l’année où il a joué comme défenseur. Il avait beaucoup d’énergie. »

À leur dernière saison junior, Boudrias et Cournoyer ont formé un trio du tonnerre avec Bob Charlebois, un Franco-Ontarien natif de Cornwall. Ils ont été les trois premiers marqueurs du Canadien junior, qui était dirigé cette saison-là par Yves Nadon.

Jouant au centre, Boudrias avait amassé 135 points, dont 97 mentions d’aide en 55 matchs.

Évoluant à l’aile droite, Cournoyer avait inscrit 63 buts et totalisé 111 points. Charlebois avait marqué 35 buts et participé à 43 autres pour un total de 78 points.

PAS DE PLACE AVEC LE GRAND CLUB

Serge Savard, Jacques Lemaire et Carol Vadnais ont disputé leur première saison junior alors que Boudrias et Cournoyer en étaient à leur dernière.

« André était tout un joueur ! » a encore dit Savard.

« Cependant, Jean Béliveau, Henri Richard et Ralph Backstrom étaient les centres du grand club et les équipes jouaient à trois trios.

C’était difficile de remplacer ces gars-là, mais je pense qu’André aurait pu déloger Backstrom. »

BELLES ANNÉES À VANCOUVER

Écarté de la liste des joueurs protégés du Tricolore lors de la grande expansion de 1967, Boudrias fut réclamé par les North Stars du Minnesota.

Il avait bien fait à sa première saison avec les North Stars, les choses ont par contre été plus difficiles lors des deux années suivantes.

Échangé aux Blackhawks de Chicago, puis aux Blues de St. Louis, il a pris son envol avec les Canucks de Vancouver, à leur entrée dans la LNH en 1970. Il a récolté plus de 60 points à ses deux premières saisons sur la côte du Pacifique, puis plus de 70 lors des trois campagnes suivantes. Il a détenu le record d’équipe pour le plus grand nombre de mentions d’aide en une saison avec 62.

Là-dessus, cher André, merci pour les nombreuses entrevues et à l’un de ces jours peut-être.

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 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? 1. La carrière d’André Boudrias comme joueur de la Ligue nationale s’est échelonnée sur 13 saisons. Il a d’abord porté l’uniforme du Canadien pendant trois saisons, au milieu des années 1960, disputant seulement sept matchs durant cette période. 2. Après sa carrière de joueur, il a été l’adjoint au directeur général du Canadien Serge Savard, de 1983 à 1995. 3. André Boudrias a connu ses meilleurs années dans la LNH avec les Canucks de Vancouver, dont il a défendu les couleurs de 1970 à 1976. 4. Il a ensuite disputé deux saisons avec les Nordiques de Québec lorsque l’équipe faisait partie de l’Associatio­n mondiale de hockey.
PHOTOS D’ARCHIVES 1. La carrière d’André Boudrias comme joueur de la Ligue nationale s’est échelonnée sur 13 saisons. Il a d’abord porté l’uniforme du Canadien pendant trois saisons, au milieu des années 1960, disputant seulement sept matchs durant cette période. 2. Après sa carrière de joueur, il a été l’adjoint au directeur général du Canadien Serge Savard, de 1983 à 1995. 3. André Boudrias a connu ses meilleurs années dans la LNH avec les Canucks de Vancouver, dont il a défendu les couleurs de 1970 à 1976. 4. Il a ensuite disputé deux saisons avec les Nordiques de Québec lorsque l’équipe faisait partie de l’Associatio­n mondiale de hockey.
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