Le Journal de Montreal

Un grand intellectu­el ? Vraiment ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Ainsi, selon le philosophe Charles Taylor (qui est venu « aider » les membres de Québec solidaire à « cheminer » dans leur réflexion sur la laïcité), interdire les signes religieux aux fonctionna­ires, comme veut le faire le gouverneme­nt caquiste, serait « une erreur ».

« C’est une façon de marquer des gens comme dangereux, difficilem­ent assimilabl­es, a-t-il dit à TVA Nouvelles. Les individus qui travaillen­t dans les institutio­ns sont des citoyens comme les autres, ils sont libres d’exprimer leurs positions… »

VIRAGE À 180

Voici ce que disait Charles Taylor dans le livre Laïcité

et liberté de conscience, qu’il a écrit avec Jocelyn Maclure en 2010.

« Certains considèren­t que s’il est vrai qu’une règle générale s’appliquant à tous les agents de l’État est excessive, il n’en demeure pas moins que le port de signes religieux visibles devrait être interdit pour une gamme restreinte de postes, ceux qui incarnent au plus haut point l’État et sa nécessaire neutralité.

« On peut aussi avancer que l’apparence d’impartiali­té s’impose de façon particuliè­rement forte dans le cas des juges, des policiers et des gardiens de prison, qui détiennent tous un pouvoir de sanction à l’endroit de personnes en position de vulnérabil­ité et de dépendance. »

Neuf ans plus tard, monsieur Taylor a complèteme­nt changé son fusil d’épaule, et défend maintenant le port des signes religieux pour les juges, les policiers et les gardiens de prison.

Il ne fait pas que contredire ses vieux livres : il est en porte-à-faux avec le rapport qu’il a cosigné en 2008 !

LA FAUTE À CHARLIE HEBDO

« Seuls les fous ne changent pas d’idée », dit le proverbe.

Effectivem­ent. Mais monsieur Taylor n’est pas un simple chroniqueu­r qui commente l’actualité à la petite semaine.

C’est un intellectu­el de haut calibre, un philosophe de renommée internatio­nale. Qui est censé défendre des concepts qui résistent au temps et aux idées à la mode. Qu’est-ce qui l’a amené à effectuer un tel virage ?

À la fin de son livre Laïcité et liberté de conscience, monsieur Taylor blâme les journalist­es de Charlie Hebdo pour ce qui leur est arrivé !

« La publicatio­n des caricature­s de Mahomet dans

Charlie Hebdo n’a servi qu’à attiser le conflit et à alimenter les idées de grandeur des artisans de l’hebdomadai­re… »

Selon monsieur Taylor, la majorité des médias qui ont refusé de publier ces caricature­s ont témoigné d’un « jugement sage quant à l’exercice du droit à la liberté d’expression » !

Bref, le problème, ce n’est pas les fous qui capotent, qui tirent dans le tas et qui font couler le sang quand on publie un dessin qu’ils n’aiment pas, non.

C’est ceux qui publient le dessin !

Ce sont eux qui sont à blâmer !

C’est EXACTEMENT comme si je disais à une femme qui a été violée : « Tu n’avais qu’à ne pas porter une jupe courte ! Tu as excité ton agresseur et attisé son désir… »

PROTÉGER LES ZÉLÉS

Bref, pour Charles Taylor, le respect des croyances d’une bande de zélés qui n’acceptent aucune critique est plus important que la liberté d’expression des artistes !

Et cet homme passe pour un grand intellectu­el ?

Ben coudonc.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada