Bloquer l’aide humanitaire est « un crime contre l’humanité »
Juan Guaido exhorte les militaires à désobéir aux ordres du gouvernement Maduro
CARACAS | (AFP) L’opposant Juan Guaido, reconnu par une cinquantaine de pays comme président intérimaire du Venezuela, a averti hier les militaires qu’empêcher l’entrée de l’aide humanitaire, stockée en Colombie, fait d’eux des « quasi génocidaires », car c’est un « crime contre l’humanité ».
« Il y a des responsables et que le régime le sache. C’est un crime contre l’humanité, messieurs de l’armée », a déclaré l’opposant au président Nicolas Maduro, hier.
M. Guaido, 35 ans, chef du Parlement où l’opposition est majoritaire, a affirmé que les militaires se convertissent en « bourreaux », en « quasi génocidaires », par « action » quand « ils assassinent » des manifestants et par « omission » quand « ils empêchent l’aide humanitaire » d’entrer au Venezuela.
Il a à nouveau appelé à une marche demain, Journée de la jeunesse, en mémoire des morts de précédentes mobilisations — une quarantaine depuis le 21 janvier, selon l’ONU — et pour exiger l’entrée de l’aide.
« USURPATION »
Plusieurs tonnes d’aliments et de médicaments, envoyées des États-Unis, sont stockées depuis jeudi dans des entrepôts à Cucuta, en Colombie, près du pont international de Tienditas, barré par les militaires vénézuéliens avec deux conteneurs et une citerne.
« Je comprends que le régime se refuse à admettre la crise qu’eux-mêmes ont générée. Mais nous, les Vénézuéliens, travaillons très dur pour que cesse l’usurpation [du pouvoir par M. Maduro] et répondre à cette urgence », a déclaré Juan Guaido.
L’armée, pilier du gouvernement de Nicolas Maduro, a commencé hier des exercices militaires, prévus dans tout le pays jusqu’au 15 février, afin de « renforcer la capacité défensive du territoire », selon un communiqué.
« Je déplore ce par quoi on fait passer notre force armée. Cela dépend de vous [...]. Nous avons clairement énoncé le dilemme, nous vous donnons un ordre : “Permettez l’entrée de l’aide humanitaire” », a plaidé M. Guaido, à l’adresse des militaires.
En posant ce « dilemme » et en proposant une amnistie, il tente de briser le principal soutien du président socialiste auquel l’état-major a toutefois réitéré une « loyauté absolue ».