Le Journal de Montreal

Éric Caire accusé de minimiser le risque de surveillan­ce américaine

- FRANCIS HALIN

Le ministre de la Transforma­tion numérique, Éric Caire, a tort de croire que les services secrets américains ne pourront pas surveiller les données des Québécois stockées ici, estiment des spécialist­es en sécurité.

« Je ne suis pas du même avis qu’Éric Caire. Rien ne garantit que les données seront toujours au Canada, même si les centres de données sont localisés au pays », craint le PDG de StreamScan, Karim Ganame, qui rappelle qu’une fois aux États-Unis les agences peuvent avoir les mains longues avec le Cloud Act.

La semaine dernière, le gouverneme­nt Legault a dit qu’il pourrait confier plus de 80 % des données des Québécois au privé pour économiser 100 M$ par année. Pour rassurer la population, le ministre de la Transforma­tion numérique, Éric Caire, a rappelé que le Cloud Act visait seulement les Américains et qu’il garderait les données québécoise­s sur des serveurs au pays pour les protéger.

TOUJOURS RISQUÉ

Ces arguments ont fait bondir l’expert en sécurité Éric Parent.

« Le risque demeure là à 100 % », insiste-t-il. Selon lui, le fait de confier nos données à une société étrangère nous rend au contraire plus vulnérable­s.

« Quand les politicien­s [américains] vont changer d’idée et partager les données... on fait quoi ? » se demande le PDG d’EVA Technologi­es.

De son côté, Karim Ganame dit qu’une entreprise américaine avec un centre de données au Canada ne se gênera pas pour rediriger le trafic aux États-Unis en cas de problème.

« En cas de panne importante, les fournisseu­rs Cloud peuvent aussi déplacer des serveurs sur un autre site pour minimiser les délais d’interrupti­on (sans même informer le client dans certains cas) », analyse-t-il.

Jointe par Le Journal, Amazon, qui multiplie ses activités de lobbyisme pour avoir les contrats d’hébergemen­t de données du gouverneme­nt, a voulu se montrer rassurante.

« Nous ne divulguons pas les renseignem­ents des clients, sauf obligation de le faire, conforméme­nt à une ordonnance juridiquem­ent valable et contraigna­nte, comme une assignatio­n à comparaîtr­e ou une décision judiciaire », a déclaré sa porte-parole Candi Jeronimo.

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