La peine jugée « très sévère » par les parents du tueur
Ils estiment que ça ne fait que contourner l’abolition de la peine de mort
QUÉBEC | La peine d’emprisonnement à vie sans possibilité de libération avant 40 ans infligée à Alexandre Bissonnette est jugée « très sévère » par ses parents.
Si cette peine « historique » a surpris les membres de la communauté musulmane, elle a aussi déçu les parents du tireur, mais pas pour les mêmes raisons.
« Nous considérons qu’il s’agit d’une peine très sévère », ont réagi Manon Marchand et Raymond Bissonnette dans une lettre envoyée hier aux médias.
À l’instar de ce qu’ils avaient déjà déclaré l’an dernier, ils croient que les peines consécutives se rapprochent d’une peine de mort déguisée.
« Nous regrettons de constater qu’au lieu d’adopter une position plus nuancée, la Couronne a exigé le maximum des peines consécutives totalisant 150 ans. Il nous semble que cette position encourage un désir de vengeance, en plus d’éteindre tout espoir en exigeant une peine au-delà de l’espérance de vie d’une personne, contournant ainsi l’abolition de la peine de mort », ajoutent-ils.
« PAS UN MONSTRE »
En janvier 2018, un an après la tuerie, les parents d’Alexandre Bissonnette affirmaient dans une lettre avoir l’impression « de vivre un véritable cauchemar ». Le couple avait aussi expliqué qu’ils aimaient leur fils.
En juin 2018, au palais de justice de Québec, ses parents avaient à nouveau pris la parole au sortir de la salle d’audience, une fois les plaidoiries complétées.
Quelques minutes plus tôt, leur fils venait d’exprimer sa honte et ses regrets au juge François Huot.
« Alexandre n’est pas un monstre. Les témoignages des psychiatres sont venus expliquer les causes probables de son geste, particulièrement l’intimidation subie durant des années à l’école », avait notamment mentionné son père.
INSATISFAITS
De leur côté, insatisfaits de la peine, des membres de la communauté musulmane craignent que celle-ci soit insuffisante pour prévenir la perpétration d’un autre massacre, ici ou ailleurs.
« On trouve que tout compte fait, ce jugement n’a pas été à la hauteur de nos attentes », a déclaré au Journal Boufeldja Benabdallah, président et cofondateur du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ).
Tant la Couronne que les avocats de Bissonnette ont dit « prendre acte » de la décision et ont affirmé vouloir prendre le temps d’analyser le jugement de 246 pages pour décider s’ils le porteront en appel ou non. Les parties disposent de 30 jours pour porter la peine en appel.