Le Journal de Montreal

L’avant/après d’Anick Lemay

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher@quebecorme­dia.com

Quand j’ai vu le dernier Elle Québec, je me suis d’abord demandé qui était cette jolie femme à la une. Je ne reconnaiss­ais pas ce beau visage lumineux, ces cheveux courts, courts, courts. Puis j’ai vu son nom : Anick Lemay.

Je ne peux pas vous dire à quel point ça m’a fait plaisir de voir la comédienne : 1. vivante 2. souriante 3. avec ses vrais cheveux 4. prête à entamer la deuxième partie de sa vie.

Celle qui a fait craquer le Québec avec ses chroniques coup de poing sur chacune des étapes de son cancer du sein n’a pas fini de nous inspirer.

UNE AUTEURE EST NÉE

En avril, Anick Lemay reprendra les tournages pour son rôle de Noémie dans L’Échappée. On apprend dans son entrevue sur Elle qu’elle se lancera dans l’écriture et la réalisatio­n d’un documentai­re sur la mastectomi­e.

Et qu’elle veut tourner un court métrage avec Louise Latraverse sur l’Alzheimer et l’aide médicale à mourir.

Mais ce qui me fait le plus plaisir, c’est de savoir qu’Anick Lemay a l’intention de continuer à écrire. Je vous avais déjà dit à quel point, dans ses chroniques dans Urbania, on avait découvert son talent d’écriture.

D’ailleurs à l’émission En direct de l’univers, l’auteur David Goudreault a lu un texte inédit, écrit pour elle. « Maintenant, on sait qu’y’a pas juste de la vie qui coule dans ses veines, y’a de l’encre aussi. On a découvert une écrivaine. »

Je suis ravie qu’Anick Lemay publie bientôt un recueil de ses chroniques. Au Québec, il se publie tellement de livres mal écrits, de romans bâclés, de patentes gossées sur le coin d’une table.

Ce qui est triste, c’est qu’Anick Lemay écrivait avant son cancer… mais personne ne la publiait. Quel dommage qu’il ait fallu ce sale crabe pour que ses mots soient imprimés noir sur blanc.

Dans ses chroniques, le message le plus important que j’avais retenu d’Anick Lemay, c’est à quel point le diagnostic de cancer permet de faire le tri entre les personnes qui sont essentiell­es dans nos vies et celles qui ne nous apportent rien de bon. Une sorte de grand ménage.

Dans le Elle, ce paragraphe où elle raconte la réaction de certains membres de son entourage à son diagnostic m’a touchée en plein coeur : « Certains ont eu des réactions très égocentriq­ues. J’ai pété une coche. Ce sont des personnes très intimes, que j’adorais, qui ont pris le bord. Il y a des défauts que je n’arrive plus à endurer aujourd’hui : le narcissism­e, la lâcheté, l’égocentris­me… »

Quand je regarde les photos d’Anick Lemay, je remarque une chose : elle a l’air bien dans sa peau. Comme si en tournant la page après son cancer, elle s’était libérée d’un poids.

UNE VRAIE INFLUENCEU­SE

Récemment, j’ai fait de la pépeine à quelques influenceu­rs narcissiqu­es après avoir dit que si tu écrivais ton autobiogra­phie alors que tu n’avais rien vécu et que tu n’avais rien à dire, tu gaspillais du papier. Mais quand Anick Lemay écrit sur son expérience avec le cancer, ça rentre au poste, ça ébranle, ça remue et ça fait réfléchir. Elle est bien plus « influenceu­se » que des jeunots qui nous vendent leur vie rêvée sur Instagram.

Quand je regarde les photos d’Anick Lemay, je remarque une chose : elle a l’air bien dans sa peau.

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