Le Journal de Montreal

Il faut bloquer la vente à Air Canada

Je m’oppose à la mainmise d’Air Canada sur Transat.

- MICHEL GIRARD

Air Canada a beau avoir son siège social au Québec, cela n’en fait pas pour autant l’acquéreur idéal pour Transat. Et ce n’est surtout pas une « solution québécoise » souhaitabl­e, tant pour les consommate­urs que pour les fournisseu­rs québécois.

Voilà pourquoi je souhaite qu’un nouveau groupe, sous contrôle québécois, fasse une contre-offre d’achat en vue de bloquer la vente de Transat à Air Canada.

Que le gouverneme­nt Legault, la Caisse de dépôt et placement et le Fonds FTQ unissent leurs forces et se rangent derrière le nouveau groupe en question pour déposer une contreoffr­e à celle d’Air Canada.

Le temps presse. Les votes des actionnair­es de Transat sur l’offre d’Air Canada doivent parvenir à la Société de fiducie AST (Canada) au plus tard à 17 heures mercredi prochain, 21 août. Et l’assemblée des actionnair­es de Transat aura lieu à Montréal le vendredi suivant, 23 août.

Bien qu’il ait déclaré en mai dernier que l’offre d’achat de Transat par Air Canada était « une bonne nouvelle » pour le Québec, je suis persuadé que François Legault souhaitera­it que son ancienne entreprise (dont il était fondateur) tombe plutôt entre les mains d’un autre acquéreur sous contrôle québécois.

DES MOTIFS DE BLOCAGE

Air Canada n’est pas une entreprise modèle, loin de là.

Le transporte­ur national fait notamment face à deux recours collectifs, lesquels discrédite­nt l’administra­tion d’Air Canada.

Un premier recours collectif porte sur la scandaleus­e fermeture d’Aveos, le fameux centre d’entretien des avions d’Air Canada. L’action collective concerne les 2500 travailleu­rs qui ont été mis à pied en mars 2012 à la suite de la fermeture des centres de révision et d’entretien d’Air Canada de Montréal (1800 employés), de Winnipeg et de Mississaug­a.

Un deuxième recours reproche à Air Canada d’avoir facturé un montant trop élevé sur le prix du carburant à des centaines de milliers de clients lors de la période allant d’avril 2012 à la fin de novembre 2014. Montant de la réclamatio­n : 300 millions $.

Passons maintenant à l’utilisatio­n du français à bord des vols d’Air Canada. Le transporte­ur national a la mauvaise habitude de figurer en tête des entreprise­s qui font l’objet du plus grand nombre de plaintes au Commissari­at aux langues officielle­s du Canada.

En tombant dans le giron d’Air Canada, y a-t-il un risque que Transat subisse la mauvaise influence d’Air Canada en négligeant au fil du temps de servir les Québécois francophon­es dans leur langue ? Bien sûr que oui !

CONSOMMATE­URS PERDANTS

Autre élément négatif qui m’interpelle au plus haut point. Je trouve carrément inacceptab­le de voir le PDG d’Air Canada, Calin Rovinescu, empocher au début d’août 52,7 millions $ de profits en vendant un bloc d’actions juste avant l’annonce d’une entente spéciale avec le principal actionnair­e de Transat (Letko Brosseau) et la tenue du vote crucial des actionnair­es sur l’offre d’Air Canada.

Il faut savoir que l’action d’Air Canada a fortement augmenté depuis que M. Rovinescu a amorcé en octobre 2018 les négociatio­ns en vue d’acquérir Transat. En vendant juste avant le vote des actionnair­es de Transat, M. Rovinescu a l’air à mes yeux d’un rusé profiteur impatient de passer à la caisse.

Transat, c’est le chef de file de l’industrie des voyages vacances au

Canada, et l’une des plus grandes entreprise­s de tourisme intégrées au monde.

Air Canada aura beau affirmer que « les marques Air Transat et Transat seront maintenues en parallèle aux marques Air Canada, Air Canada Rouge et Vacances Air Canada », force est d’admettre que cela ne garantit absolument pas que Transat va continuer de mener une vive concurrenc­e à Air Canada.

En termes d’offres et de prix, ce sont les clients de Transat et ceux d’Air Canada qui risquent de se retrouver perdants dans le cadre de cette fusion/ acquisitio­n.

RATIONALIS­ATION EN VUE

Comme c’est le cas pour toutes les entreprise­s faisant l’objet d’une fusion/acquisitio­n, Transat fera les frais de mesures de rationalis­ation.

Pas de doute que sous la férule d’Air Canada, le siège social de Transat restera bel et bien au Québec.

Mais question de rentabilit­é, Air Canada mettra en place un train de mesures en vue de réduire le dédoubleme­nt de services et de dépenses entre Transat et Air Canada.

L’achat de Transat par Air Canada : NON MERCI.

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Le PDG d’Air Canada, Calin Rovinescu

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