Le Journal de Montreal

Des religieux impuissant­s face à la tâche

Le diocèse veut faire revivre l’église de Saint-Bernardin-de-Sienne, à Montréal

- NICOLAS SAILLANT

QUÉBEC | En première ligne des gardiens du patrimoine religieux viennent les diocèses et les fabriques, qui sont cependant à bout de souffle, tant du point de vue financier que des ressources humaines.

Plusieurs pointent du doigt les autorités religieuse­s pour les nombreuses fermetures d’églises. Certains intervenan­ts comme le maire de Matane, Jérôme Landry, qui tente de trouver une vocation à l’église Saint-Jérôme, fermée et inventorié­e B pour exceptionn­elle, dénonce l’approche « cavalière » du diocèse de Rimouski.

«Ladiscussi­on est difficile. Ça se fait par lettres interposée­s », critique M. Landry.

John Porter, auteur d’une étude sur l’avenir des églises de Québec, estime lui aussi que les diocèses « ne peuvent pas s’en laver les mains ».

« Les diocèses sont conscients du problème, mais le problème est considérab­le compte tenu des moyens dont ils disposent », nuance-t-il.

Un argument qui rejoint l’abbé de Québec, René Tessier : « On nous fait plein de reproches, mais on a envie de dire qu’il n’y a personne pour payer », lâche-t-il.

Le responsabl­e du patrimoine religieux de ce même diocèse, Rémy Gagnon, avoue qu’il y a des enjeux financiers importants.

MORATOIRE À MONTRÉAL

Au diocèse de Montréal, 57 églises ont été vendues entre 1995 et 2014. Or, un moratoire sur la vente d’églises a été décrété depuis ce temps afin de « consolider les actions » des fabriques.

« On essaye de trouver des solutions qui permettent aux paroisses d’avoir des moyens financiers et de travailler. Ça enlève une pression », fait valoir Caroline Tanguay, du diocèse de Montréal.

Reste que des églises sont présenteme­nt inoccupées, comme Saint-Bernardin-de-Sienne dont le presbytère, puis l’église elle-même trois semaines plus tard, ont été la proie des flammes cet hiver, causant d’importants dégâts

Le diocèse de Montréal ne perd pas espoir de sauver une immense église décrépite en bordure de l’autoroute 40, même si celle-ci a été ravagée par plusieurs incendies suspects au courant de l’hiver dernier.

La devanture de l’église de Saint-Bernardin-de-Sienne ne paie pas de mine.

Vitres cassées, revêtement arraché, fenêtres et portes barricadée­s : le bâtiment est à l’abandon depuis 2013.

Déjà, il est prévu de démolir le presbytère situé à l’arrière du site donnant sur l’autoroute Métropolit­aine et dont le toit est manquant depuis qu’un incendie suspect l’a fait s’effondrer en février dernier.

Il s’agissait du deuxième incident du genre à affecter le bâtiment en un peu moins de trois semaines et celui-ci était alors considéré de nature suspecte. Par chance, personne n’a été blessé. Mais déjà, le diocèse de Montréal prépare la suite des choses.

« L’ouverture ainsi créée vers l’église attenante sera fermée adéquateme­nt, selon les devis d’un ingénieur qui suit le dossier de près », a précisé la porte-parole du diocèse de Montréal, Erika Jacinto.

Pourtant, la communauté religieuse ne perd pas espoir de récupérer le bâtiment, malgré son aspect défraîchi.

IMPOSSIBLE À DÉMOLIR

Comme il fait l’objet d’un énoncé patrimonia­l, il est impossible de le démolir.

En entrevue avec Le Journal, l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, assure que la paroisse tente toujours de trouver un partenaire pour rouvrir le lieu de culte.

« Au moment où on se parle, on travaille pour qu’il y ait une continuée dans le temps », indique-t-il.

Mais selon l’architecte au diocèse, Caroline Clermont, les travaux de rénovation pourraient s’élever à « plusieurs millions de dollars », notamment pour retaper l’enveloppe de béton qui recouvre le lieu de culte.

PARTENARIA­T ENVISAGÉ

Un partenaria­t avec un promoteur ou des organismes sans but lucratif serait entre autres envisagé pour permettre aux paroissien­s de retrouver un site de prière.

« La Fabrique poursuit des échanges réguliers avec des représenta­nts de l’arrondisse­ment Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, avec des groupes de ressources techniques, d’éventuels promoteurs ou acheteurs pour identifier des projets de développem­ent », mentionne également Mme Jacinto sans plus de détails.

« Une petite église de 200 places pourrait très bien faire si jamais on retrouve plus d’adeptes », souhaite la secrétaire de la paroisse, Laurianne Mailloux.

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JOHN PORTER Historien
 ?? PHOTOS VINCENT LARIN ET D’ARCHIVES ?? L’église de Saint-Bernardin-de-Sienne, dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, est abandonnée depuis 2013. Le bâtiment a été la cible de plus d’un incendie, dont celui du 27 janvier 2019 (en mortaise).
PHOTOS VINCENT LARIN ET D’ARCHIVES L’église de Saint-Bernardin-de-Sienne, dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, est abandonnée depuis 2013. Le bâtiment a été la cible de plus d’un incendie, dont celui du 27 janvier 2019 (en mortaise).
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