Le Journal de Montreal

McClane, Braddock, Matrix et les autres

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Dans L’actualité ,endatedu 7 août, on trouve une étrange chronique consacrée à la condition masculine. L’auteur explique que malgré toute sa bonne volonté féministe, il ne lui semble pas si facile de savoir ce que veut dire être un homme aujourd’hui.

Il prend la peine de dire qu’il n’est pas un réac nostalgiqu­e et se moque des héros de films d’action des années 1980 et 1990. Ouf ! Ils ne sont plus à la mode ! Il relaie même l’idée que la masculinit­é serait un concept vide et flou.

Bien ! Bon garçon ! Il dit ce qu’il faut pour se faire célébrer par l’époque.

COURAGE

Qu’on me permette, quant à moi, d’assumer ce rôle mal vu, et pire encore, de faire l’éloge des héros de mon enfance.

Oui, je voudrais dire du bien de John McClane (Bruce Willis dans Die

Hard), de James Braddock (Chuck Norris dans Missing in Action),

Matrix (Schwarzene­gger dans Commando) et de quelques autres. Évidemment, il s’agit de héros de films d’action produits pour nous divertir. Et pourtant, ils ne se réduisent pas à cela.

Le scénario est toujours le même : un homme, souvent un policier ou un militaire, se retrouve dans une situation extrême, où les institutio­ns collective­s ont échoué et tout semble désespéré.

Il a alors deux possibilit­és.

Ou bien il se couche avec le troupeau. Il rentre chez lui. Il attend que les choses s’arrangent. Il se trouvera toujours de bonnes raisons de ne rien faire.

Ou bien il décide d’agir et d’en assumer la responsabi­lité. Il prend le monde sur ses épaules. Il risque alors sa vie (il s’agit de films d’action, quand même !), sa réputation, sa situation, pour accomplir ce qu’il croit être son devoir et protéger les siens. Il sait qu’il subira une pluie de crachats et la haine de plusieurs. Il sait que la vie est un combat et qu’il n’y a aucune grandeur à être un déserteur.

Résumons cela ainsi : un homme se tient droit et prend sur lui. Il endure le mauvais sort et refuse de flancher. Cela ne veut pas dire qu’il est sans faiblesse et qu’il est toujours à la hauteur de ce qu’il voudrait être.

Souvent, il est animé par des idéaux que l’on aime moquer. Il aime son drapeau, sa famille, sa liberté. C’est en touchant sa fibre héroïque qu’on le pousse à l’action.

On me dira que tout cela est terribleme­nt simpliste. Évidemment. Pourtant, il y a dans cette morale du courage quelque chose de fondamenta­lement vrai et de bien plus valable qu’on ne veut le dire.

MORALE

Elle est valable pour le politicien, l’intellectu­el, l’entreprene­ur, l’artiste, le journalist­e, le professeur, le technicien, l’ouvrier, le policier, le père de famille.

Si on regarde bien, on la retrouvera aussi chez John Keating (Robin Williams) dans La société des poètes

disparus !

Mieux vaut servir que se servir. Mieux vaut affronter l’épreuve que s’effondrer devant elle. Tout cela, me semble-t-il, pour dire que le vieux monde n’était pas qu’un film d’horreur.

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