Washington lance un mandat pour saisir un pétrolier iranien
Le navire est soupçonné de transporter du pétrole iranien jusqu’en Syrie
WASHINGTON | (AFP) Les ÉtatsUnis ont lancé hier soir un mandat pour saisir un pétrolier iranien arraisonné puis relâché par Gibraltar, une décision susceptible de raviver les tensions déjà fortes entre Washington et Téhéran.
Arraisonné le 4 juillet, le Grace 1 était soupçonné par les autorités de Gibraltar de transporter 2,1 millions de barils de pétrole iranien jusqu’en Syrie – frappée par un embargo de l’Union européenne –, ce que l’Iran a démenti à plusieurs reprises.
Le gouvernement de Gibraltar a dit jeudi avoir reçu la promesse écrite de Téhéran de ne pas envoyer en Syrie ces barils, et la Cour suprême de ce petit territoire britannique situé à l’extrême sud de l’Espagne a levé l’immobilisation du navire.
TRAFIC « ILLICITE »
De son côté, le ministre américain de la Justice a lancé hier un mandat pour saisir ce pétrolier, l’accusant dans un communiqué de servir à un trafic « illicite » vers la Syrie, orchestré par le corps des Gardiens de la révolution islamique, un groupe placé par Washington sur sa liste noire des « organisations terroristes étrangères ».
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Moussavi, a affirmé hier que son pays n’avait donné à Gibraltar « aucune garantie concernant le fait que le n’irait pas en Syrie ».
« La destination du pétrolier n’était pas la Syrie [...] et même si c’était le cas, cela n’est l’affaire de personne », a-t-il déclaré, cité par un site de la télévision d’État, Irib.
« Notre pétrolier illégalement saisi a été relâché. Cette victoire, obtenue sans leur donner de concessions, est le résultat d’une diplomatie puissante et d’une volonté forte de se battre pour les droits de la nation », a pour sa part tweeté le porte-parole du gouvernement, Ali Rabiei.
TENSIONS
La saisie du pétrolier par Gibraltar et la marine britannique a provoqué une importante crise diplomatique entre Téhéran et Londres, ainsi que des mesures de représailles de l’Iran, qui a arraisonné depuis trois autres pétroliers, dont un battant pavillon britannique le 19 juillet.
L’arraisonnement du navire est également intervenu sur fond de fortes tensions entre Téhéran et les États-Unis – alliés de la Grande-Bretagne – après des sabotages et attaques de navires dans le Golfe et la destruction d’un drone américain par Téhéran.
La volonté américaine de saisir le navire iranien devrait ouvrir un nouveau front.