JOURNÉE NOIRE POUR LES MÉDIAS
Procédure de faillite pour 6 quotidiens Québec injecte encore 5 M$ Martin Cauchon démissionne
QUÉBEC | Si rien n’est fait pour venir en aide aux médias, Groupe Capitales Médias pourrait bien être la première de plusieurs autres entreprises médiatiques au pays à envisager la faillite, déplore le président du syndicat du Soleil, à Québec.
Bien qu’ébranlé, c’est tout de même sans surprise que Jean-François Néron a accueilli la nouvelle voulant que la survie du Groupe Capitales Médias (GCM), propriétaire de six quotidiens régionaux au Québec, était menacée. « C’est un jour très triste pour Québec et pour la démocratie à travers le Québec », a-t-il commenté.
Le président du syndicat réclame depuis trois ans que le gouvernement fédéral mette sur pied une aide financière aux médias.
« Les autres groupes de presse à travers le Canada et même au Québec, on est tous dans la même situation. On s’en va tous vers le même précipice. Il y en a certains qui étaient plus près. Nous, on était les premiers », analyse-t-il.
UNE ALARME POUR TOUS
Même discours du côté de La Tribune ,à Sherbrooke, aussi propriété du GCM.
« Ce n’est pas seulement une alarme qui sonne pour les quotidiens de Capitales Médias, mais pour toute l’information du Québec, explique un journaliste qui a préféré demeurer anonyme. Est-ce que c’est le temps plus que jamais d’appuyer les médias ? Oui. »
« On vit beaucoup d’inquiétude, mais le son de cloche envoyé par le gouvernement est encourageant. On voit que les gouvernements sont de plus en plus prêts à nous aider et assurer une pérennité des journaux », a réagi Patrick Duquette, chroniqueur et président du Syndicat des travailleurs de l’information du Droit, à Ottawa.
Les trois présidents syndicaux accueillaient à bras ouverts l’aide d’urgence de 5 M$ de Québec, qui permettra de restructurer l’entreprise.
Le fait que le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ait clairement affirmé qu’il était impossible pour le gouvernement de la CAQ d’envisager la fermeture de ces six journaux en a aussi rassuré plusieurs.
UNE OFFRE DE DÉPANNAGE
Il faudra toutefois attendre les résultats de la commission parlementaire sur les médias pour régler la problématique à plus long terme, estime l’ancien éditorialiste du
Nouvelliste Jean-Marc Beaudoin, maintenant collaborateur.
« L’offre gouvernementale est un dépannage, avance-t-il. Le problème est connu. Il y a une chute des revenus publicitaires en faveur des gros réseaux du web comme Facebook et Google... qui ne perçoivent pas de taxes. Si cet aspect n’est pas réglé, on va tourner en rond. »
C’est aussi ce que croit Patrick White, professeur à l’École des médias de l’UQAM, convaincu qu’il faudrait « forcer Google et Facebook à payer des impôts [puisque] ce sont eux qui accaparent la moitié des revenus publicitaires au Québec ».
« QU’IL PROCHAINE, IL FAUT SOIT QUE PUBLIÉ LE LE MOIS SOLEIL DEMAIN, PROCHAIN, SURVIVE. LA SEMAINE L’ANNÉE IL FAUT PROCHAINE, PIS DANS LA PROCHAINE DÉCENNIE. […] ÇA NE SE PEUT PAS QUE LE SOLEIL N’EXISTE PLUS À PARTIR DE DEMAIN ; DANS MA TÊTE, C’EST IMPOSSIBLE. » — Régis Labeaume, maire de Québec
« [Les jour naux du Groupe Capitales médias] sont importants pour l’information et la démocratie en région. Le financement intérimaire du gouvernement du Québec permettra de prendre le temps de mettre en place un programme pour l’ensemble des médias et de rechercher de nouveaux propriétaires. » —François Legault, premier ministre du Québec
« Si on veut être dans les États qui sont capables d’avancer et de sauver nos journalistes, il va falloir se poser la question de l’impôt sur le revenu des GAFAM au Québec : Google, Facebook, Apple et tous ceux-là. » — Catherine Dorion, députée de Québec solidaire
« C’est une situation qui est vraiment préoccupante pour la société, pour la démocratie, et je pense que les gouvernements ont un rôle très important à jouer là-dedans. » — Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN)
« [Le Soleil], c’est une voix importante pour l’Est-du-Québec. La pluralité des sources d’information est essentielle à notre démocratie. » — Pascal Bérubé, chef intérimaire du Parti québécois
« Le gouvernement a attendu qu’un groupe de presse soit au bord de la faillite pour agir alors que l’urgence de la situation était connue depuis des mois. » — Isabelle Melançon, porte-parole libérale en matière de culture et de communications
« Nous sommes très pré-occupés par le sort des médias à travers le pays. On comprend [que les médias ont] un rôle essentiel dans notre démocratie. Une presse libre et forte est essentielle au bon fonctionnement de notre société. » — Justin Trudeau, premier ministre du Canada