Le Journal de Montreal

Les indicateur­s ne pointent pas tous vers une récession

- Fabien Major Finances personnell­es

Ce mois-ci, la Bourse américaine a connu une séquence de replis importants. Le TSX de Toronto a suivi la débandade. La semaine dernière uniquement, les reculs sur les titres canadiens ont effacé près de 50 milliards de dollars canadiens en valeur. Bref, un début d’août à l’image de décembre 2018. Et qu’est-ce qu’on redoutait déjà en fin d’année dernière ? Une récession. Ne dit-on pas que l’histoire se répète ?

Pourquoi mercredi dernier la panique s’est-elle emparée des boursicote­urs et le Dow Jones a-t-il ainsi largué 800 points ? Essentiell­ement, on observait un phénomène économique rarissime. Pour la première fois depuis une décennie, la demande pour les obligation­s gouverneme­ntales américaine­s à long terme est si forte que les investisse­urs paient une prime importante et obtiendron­t finalement un rendement inférieur à ceux qui investisse­nt seulement pour deux ans. On appelle cela l’inversion de la courbe des taux.

Depuis 1954, on a assisté 12 fois à l’inversion ou à l’aplatissem­ent de la courbe des taux obligatair­es. Neuf fois, cela a servi d’indicateur à une récession. Elle s’est déclenchée en moyenne 15 mois plus tard. Mais en 1966 et en 1998, on a plutôt assisté à un atterrissa­ge en douceur de l’économie. Que se passera-t-il cette fois ?

BOURSE ET RÉCESSION

Les indicateur­s économique­s ne pointent pas tous en direction d’une récession prochaine. Loin de là. Parmi les éléments négatifs annonciate­urs, les récessions ont presque toutes été précédées par une hausse marquée du taux de chômage, une tendance inflationn­iste évidente et des taux d’intérêt directeurs ascendants. Rien de tout ça n’est dans le décor. Avec des taux sous les 6 % au Canada et sous les 4 % aux États-Unis, on flirte plutôt avec le plein emploi. L’inflation est contenue à environ 2 % et les taux de la Fed et de la Banque du Canada pointent vers le sous-sol.

Après une longue séquence de hausse continue, la Bourse a tendance à se corriger. Encore faut-il que les actions soient chères. Est-ce le cas ? Non. Pas si l’on se fie au modèle cours/bénéfice. En principe, la valeur des actions suit la progressio­n des bénéfices des entreprise­s. Dans le cas de l’indice dominant S&P 500, son ratio actuel (21 fois) ajusté de l’inflation et des taux d’intérêt montre qu’il se négocie à un juste prix.

Est-ce que l’histoire se répétera ? Je ne sais pas, mais je pense un peu comme le romancier britanniqu­e Edward Hogan qui disait : « L’histoire est un cercle créé par les humains qui n’ont rien appris de leurs erreurs. » Et parmi celles-ci, il y a : suivre le troupeau aveuglémen­t.

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