Le Journal de Montreal

La bouffée d’oxygène d’une thérapie familiale

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je souhaitera­is commenter les propos de celle qui affirmait ne pas être prête à quitter son mari malgré son alcoolisme et sa violence. Ma mère était exactement comme elle. Elle aimait mon père et ne voulait pas le quitter malgré un alcoolisme qui a fini par le tuer. Pendant qu’il était occupé à se détruire, ma mère se dévouait à essayer de l’aider, en plus de travailler à l’extérieur. Comme il accaparait toute l’attention, il ne restait plus rien pour nous autres. Ça a détruit ma vie.

Après sa mort, ma mère a mis des années pour retrouver un minimum d’énergie. Elle a cependant toujours affirmé que tous ses efforts pour sauver notre père, elle les avait faits pour ma soeur et moi. Ce n’est qu’assez récemment que j’ai pris conscience de la fausseté de cette explicatio­n.

Elle faisait tout ça pour ellemême. Son enfance difficile l’avait prédisposé­e à tout faire pour éviter l’abandon. Elle jurait que mon père n’avait pas toujours été comme ça, et que dans le fond, il m’aimait. Il avait pourtant, dans un moment de confusion causé par l’alcool et la médication, failli tuer mon petit chien par négligence et même essayé d’étrangler ma mère en ma présence. Je vous laisse deviner combien mon rapport à l’amour est difficile !

Ma mère me répétait sans cesse que ma tâche à moi était d’avoir de bonnes notes à l’école pour trouver un bon travail plus tard. Autrement, je devais m’effacer pour ne pas nécessiter d’attention. Bref, les conséquenc­es de son choix de rester avec mon père se sont avérées catastroph­iques. J’ai énormément de difficulté à tisser des liens et j’ai un profond problème d’attachemen­t. Je ne crois plus du tout en moi-même. Je n’ai aucune passion ni aucun but, et ma vie n’a aucun sens. Je m’applique à ne pas être là et je réussis pas mal bien.

Ce début de vie dans une famille d’alcoolique a affecté ma vision de moi, des autres, ma capacité d’analyser la société, mais aussi de percevoir mon avenir et de choisir mes partenaire­s. Je vous fais grâce de mon parcours, qui va de complèteme­nt déjanté jusqu’à désolant et aride. J’ai 40 ans. Je ne suis nulle part ni avec personne. Le concept même de famille me fait peur. Al-Anon, c’est de la merde, à moins qu’on ait envie de se détruire encore plus. La seule façon de survivre à l’alcoolisme, c’est de partir. Cette femme devrait réfléchir aux conséquenc­es de son geste si elle continue à laisser ses enfants exposés à cette réalité. Anonyme

Au-delà de l’importance du message adressé à cette personne et de l’attaque, injustifié­e selon moi, lancée à Al-Anon, qu’en est-il de vos efforts personnels pour vous libérer du poids de votre passé ? Votre mère a eu tort de vous imposer cela à vous et à votre soeur, j’en conviens. Mais pour quelle raison mystérieus­e, rendue à 40 ans, laissez-vous encore ce passé ruiner votre existence ? Une confiance en soi, ça se reconstrui­t à condition de le vouloir avec conviction et d’y consacrer des efforts. Vous vous devez au moins ça !

L’amour vécu par l’un et l’autre sexe

Les propos de Ginette sur la vie à deux me semblent relever d’un passé lointain qui n’a plus cours. Ça manque d’esprit d’analyse de réduire cela à une situation vécue jadis par nos grands-parents et peut-être aussi nos parents. Je conçois mal qu’en 2019 « … seules les femmes font l’amour par amour de coeur alors que les hommes ne le feraient que par amour du cul ». Ça s’appelle donner une fausse image des couples d’aujourd’hui, qui ne le font d’après moi qu’avec respect et consenteme­nt mutuel. J’ai par contre bien aimé votre réponse. Anonyme

Il est effectivem­ent important de souligner que sur le plan de la sexualité, l’évolution des Québécois est énorme. Il est révolu le temps des « Marie-couche-toi-là » !

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