Le Journal de Montreal

Un ex-maire était certain que son téléphone était sur écoute

C’est ce que Jean-Claude Gingras a affirmé lors de son témoignage, hier

- SIMON DESSUREAUL­T Collaborat­ion spéciale

JOLIETTE | L’ancien maire de L’Assomption Jean-Claude Gingras, qui subit son procès pour abus de confiance, pensait qu’un micro était installé dans son bureau pour l’écouter.

C’est ce qu’a soutenu l’homme de 55 ans hier lorsqu’il a été interrogé par son avocat, Robert Bellefeuil­le, lors de la première journée de son témoignage au palais de justice de Joliette.

L’ex-maire s’est défendu d’avoir renvoyé sans raison valable plusieurs employés sous son règne en essayant de prouver qu’il y avait beaucoup de mauvaise foi autour de lui.

Gingras était entre autres persuadé qu’il était écouté au travail. Il a notamment expliqué avoir mandaté personnell­ement une compagnie pour faire une analyse spectrale du téléphone de son bureau, à l’hôtel de ville.

« On avait terminé [le CA] à minuit, et [à mon arrivée] à l’hôtel de ville, à 7 h le lendemain, des fonctionna­ires disaient qu’on voulait couper dans leur départemen­t, a raconté le maire devant le jury. Que s’estil passé entre minuit et 7 h du matin pour qu’ils sachent ça ? »

L’ancien maire a ensuite dit que le « manège » s’est répété après chaque CA.

« Ce qu’on se disait dans ces CA circulait le lendemain à l’hôtel de ville. On avait pourtant dit que les CA étaient confidenti­els », a ajouté Gingras.

TÉLÉPHONE ROUGE

– L’ex-maire de L’Assomption Jean-Claude Gingras « CE QU’ON SE DISAIT DANS CES CA CIRCULAIT LE LENDEMAIN À L’HÔTEL DE VILLE. ON AVAIT POURTANT DIT QUE LES CA ÉTAIENT CONFIDENTI­ELS. »

L’ex-maire avait aussi été inquiété par une note inscrite à son agenda pour un vendredi par une tierce personne qui indiquait une « vérificati­on du téléphone rouge ».

« Moi, je suis pas là à ce moment, le vendredi », a-t-il soulevé, en ajoutant que le téléphone de son bureau était rouge.

L’homme élu maire en 2013 a ensuite lu une partie du rapport de la compagnie qu’il avait mandatée et qui, selon lui, confirme ses suspicions.

« [Le téléphone] devient un micro si on est à l’extérieur, s’est exclamé le maire. Alors que le rapport dit qu’on peut programmer le téléphone à distance, en l’occurrence un enregistre­ur. Quand j’ai vu le rapport, j’ai mis le téléphone aux poubelles. »

LE DG

Jean-Claude Gingras a avoué hier que ses relations avec Martin Lelièvre, le directeur général qu’il a suspendu après avoir été élu, étaient très tendues avant son élection.

Il a toutefois rappelé ce qu’un témoin de la défense a dit mercredi, c’est-àdire que la décision de la suspension de Martin Lelièvre a été prise unanimemen­t, avec les autres membres du conseil municipal.

Cette suspension est considérée comme un abus de confiance par la Couronne.

Rappelons que Gingras a plaidé non coupable à ces accusation­s ainsi qu’à celles d’entrave à la justice et d’intimidati­on pour des faits qui seraient survenus entre le 3 novembre 2013 et le 13 mai 2015.

La Couronne va contre-interroger JeanClaude Gingras aujourd’hui.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, SIMON DESSUREAUL­T L’ex-maire de L’Assomption Jean-Claude Gingras lors de son procès, hier, au palais de justice de Joliette.

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