Le Journal de Montreal

Un enfant de 8 ans tue son petit frère avec une carabine

Le père des jeunes pourrait faire face à des accusation­s pour mauvais entreposag­e

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE

Le bambin de 4 ans mort au printemps dans un petit village du Nord-du-Québec a été atteint d’une balle de carabine à la tête, tirée accidentel­lement par son frère aîné, âgé de seulement 8 ans.

Au moment du drame qui a vivement secoué le petit village d’Akulivik, les proches des garçonnets avaient prétendu que la victime avait plutôt été atteinte par un casque de motoneige qui lui avait été lancé. Mais l’autopsie pratiquée sur le petit corps quelques jours après la tragédie a plutôt montré que le jeune avait une balle dans le corps.

Selon nos informatio­ns, la Sûreté du Québec (SQ) serait sur le point de remettre le résultat de son enquête des cinq derniers mois au Directeur des poursuites criminelle­s et pénales.

DISPUTE ENTRE FRÈRES

La police provincial­e entend proposer le dépôt d’accusation­s relatives à l’entreposag­e négligent de l’arme, mais ce sera au procureur de décider s’il va de l’avant ou pas avec le dossier.

La tragédie remonte au 2 avril, en matinée, alors que deux frères se disputaien­t dans la maison familiale.

À un moment, l’aîné a empoigné la carabine de son père et l’a pointée sur son frère. Il aurait ensuite ouvert le feu sur le petit à au moins une occasion. Celui-ci aurait reçu une balle fatale en pleine tête.

En raison de la gravité de l’événement, la police de Kativik a transféré le dossier à la SQ.

Des enquêteurs de la section des crimes contre la personne se sont envolés vers le nord peu de temps après afin de rencontrer tous les témoins.

PAS VERROUILLÉ­E

La carabine à l’origine de la tragédie n’était pas rangée de façon adéquate ni verrouillé­e, selon nos sources. Les enquêteurs auraient toutefois eu de la difficulté à prouver leur théorie, puisque l’arme aurait été cachée avant l’arrivée des premiers patrouille­urs.

Joint par téléphone, le maire du village nordique a rapporté que l’événement avait

Pour l’ancien chef de police de Kativik Michel Martin, cet événement excessivem­ent malheureux illustre bien le problème de l’entreposag­e des armes à feu.

« Là-bas, les armes à feu sont aussi présentes dans leur vie que notre cuillère pour brasser notre café le matin, explique-t-il. Ce sont des gens qui chassent régulièrem­ent. Il y a des animaux partout et à longueur d’année et c’est tout à fait normal pour eux de quitter la maison avec leur arme. »

Les policiers nordiques distribuen­t même gratuiteme­nt des dispositif­s pour verrouille­r les armes dès qu’ils en ont l’occasion et saisissent chaque moment pour faire de la prévention.

Malgré tout, il est encore de pratique courante de laisser une carabine chargée et non verrouillé­e à la vue dans une résidence. eu l’effet d’une bombe dans la communauté.

« C’est une petite place ici, a dit Eli Aullaluk. Tout le monde a été vraiment choqué d’entendre ça. C’est une bonne famille. »

PROBLÈME RÉCURRENT

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PHOTO COURTOISIE Au service de police de Kativik, dans le Nord-du-Québec, les policiers saisissent des carabines très fréquemmen­t. Elles se retrouvent dans la salle des exhibits pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’il y en ait trop et qu’on doive les envoyer à la Sûreté du Québec, à Montréal.
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MICHEL MARTIN Ex-chef de police de Kativik

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