Le Journal de Montreal

Peu de criminels parmi les migrants

Les demandeurs d’asile irrégulier­s sont en règle

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AGENCE QMI | À peine 0,3 % des demandeurs d’asile qui ont traversé la frontière canado-américaine de manière irrégulièr­e depuis deux ans avaient des antécédent­s criminels assez sérieux pour qu’on rejette leur dossier.

Selon des chiffres du ministère canadien de l’Immigratio­n obtenus par Global News, seulement 140 des 45 000 personnes qui sont entrées au pays de manière irrégulièr­e n’ont pas pu aller plus loin dans leurs démarches pour cette raison.

De ce nombre, la possibilit­é de demander le statut de réfugié a été refusée à 30 individus, tellement leurs antécédent­s criminels étaient importants.

Christina Clark-Kazak, professeur­e de politiques publiques à l’Université d’Ottawa et experte en migration, n’est pas surprise par ces chiffres. « Si quelqu’un a un casier judiciaire sérieux – et qu’il sait qu’il est possible qu’on le découvre –, je ne pense pas qu’il va présenter une demande d’asile, car le processus de demande d’asile est très complexe et rigoureux », a-t-elle mentionné à Global News.

CRIMINALIT­É MINEURE

Ces statistiqu­es doivent toutefois être relativisé­es, car elles ne tiennent pas compte de la criminalit­é mineure parmi les migrants qui sont entrés de manière irrégulièr­e. Pour qu’un statut de réfugié soit refusé à un demandeur d’asile pour des raisons criminelle­s, il doit avoir été condamné pour une infraction passible de 10 ans de prison, peu importe le pays, ou encore avoir reçu une sentence de plus de six ans de prison au Canada.

Bref, parmi les 99,7 % de demandeurs d’asile qui ont pu poursuivre leurs démarches, certains pourraient tout de même avoir eu des ennuis avec la justice.

Outre les personnes qui n’ont pas pu aller plus loin dans leurs procédures pour être reconnu comme réfugié, 10 migrants en situation irrégulièr­e ont reçu l’ordre de quitter le pays à cause de leurs liens avec le crime organisé.

RÉFUGIÉS

La criminalit­é est loin d’être la seule raison qui justifie le refus d’une demande. Alors que les antécédent­s criminels graves semblent marginaux parmi eux, plusieurs des personnes qui ont traversé la frontière depuis 2017 se sont quand même vu ensuite refuser le titre de réfugié.

Toujours selon les données du ministère, très peu de demandeurs en provenance du Nigéria et d’Haïti, les deux pays d’où ils proviennen­t pour la plupart, avaient obtenu ce qu’ils voulaient en date de juin 2019. Sur les quelque 13 000 personnes qui disaient avoir été persécutée­s au Nigéria, seulement 1200 sont officielle­ment des réfugiés aujourd’hui. Plus de 3000 demandes ont été refusées et 9000 sont toujours à l’étude.

Sur les quelque 7800 migrants irrégulier­s qui sont arrivés au Canada pour fuir Haïti, moins de 900 d’entre eux ont été reconnus comme des réfugiés depuis le début de la vague d’arrivées en avril 2017. Plus de 2700 dossiers ont été formelleme­nt refusés.

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CHRISTINA CLARK-KAZAK Experte

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