Un ancien élu prétend n’avoir « jamais voulu être maire »
Un ex-politicien de L’Assomption subit un procès pour abus de confiance
JOLIETTE | L’ancien maire de L’Assomption Jean-Claude Gingras, qui subit son procès pour abus de confiance, n’aurait jamais réellement voulu être maire.
Celui qui a occupé ce poste pendant quatre ans l’a déclaré haut et fort durant un échange corsé avec l’avocat de la Couronne, lors de son contre-interrogatoire qui débutait hier au palais de justice de Joliette, dans Lanaudière.
« Je n’ai jamais voulu être maire de ma vie, personne ne voulait se présenter en 2013 », a martelé l’ex-propriétaire d’un chenil à Me Patrice Peltier-Rivest, alors que ce dernier lui a demandé ce qui l’avait inspiré à se présenter à ce poste de magistrat.
« Ce n’était pas dans mes fonctions d’être un maire, je gagnais bien ma vie avec ma garderie pour chiens, j’étais bien chez nous. »
« LA CLIQUE »
Lors de son contre-interrogatoire, Me Peltier-Rivest a confronté Gingras sur plusieurs de ses déclarations passées afin de démontrer qu’il serait devenu candidat à la mairie pour partir en guerre contre ce qu’il appelait « la clique ».
Ce groupe sélect aurait été composé, entre autres, du directeur général de la Ville qui a été suspendu par Gingras dès le début de son mandat de maire. C’était l’une de ses promesses électorales, ce que la Couronne considère comme un abus de confiance.
« Je vais vous monter la plus grande armée, on va faire le ménage et je vais vous mettre dehors », aurait dit Gingras au directeur général Martin Lelièvre, lors d’un conseil municipal, un mois avant d’être élu maire.
« C’est à peu près ça », a finalement avoué du bout des lèvres Gingras, dans un échange où le ton a monté avec la Couronne.
« Et vous l’avez traité de manipulateur hors pair ? » a ensuite enchaîné Me Peltier-Rivest.
« Il en est tout un en effet », a cette fois répondu avec conviction l’accusé, ce qui a bien fait rigoler les membres du jury et les gens dans la salle d’audience.
Certains jurés se sont même plaints hier que Gingras parlait trop fort.
L’accusé a néanmoins nié avoir dit « qu’il allait faire ‘‘exploser’’ la clique », en référence à M. Lelièvre, d’autres hauts fonctionnaires, des politiciens et des gens d’affaires.
CONGÉS DE MALADIE
En matinée hier, l’avocat de Gingras, Me Robert Bellefeuille, a terminé son interrogatoire sur le climat de travail durant son règne.
L’accusé a mentionné qu’il avait tout tenté pour stopper « l’hémorragie » de salariés municipaux qui partaient en congé de maladie.
« Six employés des travaux publics sont partis en maladie en même temps, a déploré Gingras. Je ne les voyais jamais, leurs bureaux étaient à quelques kilomètres de l’hôtel de ville », s’est-il défendu.
L’ancien maire a également raconté que L’Assomption a mandaté des expertises médicales pour les nombreux employés en congé de maladie.
« Ça n’avait pas de bon sens et la Ville payait pour ça », a ajouté l’homme de 55 ans.
Gingras a plaidé non coupable aux accusations d’abus de confiance, d’entrave à la justice et d’intimidation à l’égard d’une personne associée au système judiciaire pour des faits qui seraient survenus entre le 3 novembre 2013 et le 13 mai 2015.
La Couronne poursuivra son contreinterrogatoire lundi.