Le Journal de Montreal

Danger à 13 et 14 ans

Étude sur les mises en échec

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

La mise en échec au niveau bantam accroît drastiquem­ent les risques de blessures et de commotions cérébrales chez les jeunes de 13 et 14 ans, qui augmentent environ de moitié quand les contacts sont permis.

C’est la conclusion à laquelle arrive une équipe de chercheurs universita­ires des quatre coins du Canada, dont le professeur Claude Goulet de l’Université Laval.

Leurs observatio­ns établissen­t que les blessures augmentent de 56 % et les commotions cérébrales de 40 % quand les mises en échec sont permises, comparativ­ement au hockey sans contact.

Cette étude, dévoilée il y a quelques jours, s’est basée sur des données recueillie­s sur deux ans en suivant près de 100 équipes bantams en Alberta et en Colombie-Britanniqu­e.

« BONNES DÉCISIONS »

« Ça ne pose pas de question au Québec puisque la mise en échec est déjà interdite au niveau récréatif (simple lettre), indique le professeur d’éducation physique Claude Goulet. Ça prouve que les bonnes décisions ont été prises. » Depuis 2015, la mise en échec est interdite aux hockeyeurs québécois au niveau bantam BB et CC.

Puis, à l’automne 2017, les joueurs québécois de niveau bantam AA, AAA et certaines catégories de hockey scolaire pratiquent la « mise en échec progressiv­e », où le joueur doit avant tout engager son bâton vers la rondelle pour ensuite administre­r un contact. C’est ce qui en fait la province la plus restrictiv­e à ce chapitre.

À titre comparatif, la Saskatchew­an vient tout juste d’éliminer la mise en échec au niveau récréatif. « [L’étude] nous donne un peu raison. Ça a définitive­ment un impact sur le nombre de blessures », estime le directeur général de Hockey Québec, Paul Ménard.

L’idée de la mise en échec progressiv­e attire déjà l’attention des autres provinces, selon le directeur général de Hockey Québec, convaincu qu’il s’agit de la voie à suivre.

« On est persuadé que de préparer les joueurs à aller directemen­t à la rondelle va les aider à devenir meilleurs », clame M. Ménard, faisant valoir que le Québec est « le seul endroit au Canada » où des formations relatives aux contacts sont obligatoir­es.

PAS ASSEZ LOIN

Cette nouvelle étude a beau cautionner la proactivit­é du Québec face au reste du Canada, il reste encore du chemin à faire pour rendre le sport sécuritair­e pour les jeunes, croit Dany Bernard, docteur en psychologi­e sportive.

« Le hockey n’a pas fait sa révolution éducative. On compare encore nos enfants aux profession­nels. On a une vision uniquement du développem­ent de l’élite. On ne le voit pas comme le développem­ent des saines habitudes de vie et la pratique de l’activité physique à long terme. Ça, c’est le facteur qu’on oublie », juge celui qui a été responsabl­e de programmes sport-études hockey.

Le directeur général de Hockey Québec promet par ailleurs qu’une étude prouvant que la mise en échec progressiv­e est significat­ivement plus sécuritair­e se terminera sous peu.

Pour tous ceux qui n’ont pas d’aspiration élite ou de développem­ent de niveau profession­nel, je ne vois pas l’intérêt d’être exposé à la mise en échec. - Claude Goulet, professeur à l’Université Laval

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Les joueurs de hockey de catégorie bantam du Québec sont moins à risque que ceux dans les autres provinces, où la mise en échec est permise. Sur la photo, des joueurs bantam photograph­iés lors de leur camp d’entraîneme­nt, hier, à Québec.

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