Le nouveau visage de l’humour
Julien Lacroix a livré un excellent premier spectacle solo
Julien Lacroix avait l’honneur d’ouvrir le bal des premières d’humour de l’automne. Et l’humoriste s’en est tiré de brillante façon, hier au MonumentNational. Son premier spectacle solo, rempli de malaises volontaires, s’avère grandement efficace.
On s’attendait à du solide. On a eu droit à du très solide. Fort d’un spectacle rodé plus de 120 fois dans la dernière année et demie, Julien Lacroix est arrivé gonflé à bloc pour la première montréalaise de Jusqu’ici tout va bien.
L’humoriste de 26 ans à qui tout réussit dernièrement (web, télé, cinéma) voulait démontrer qu’il était aussi efficace en mode stand-up. Et le pari est pleinement relevé.
Son spectacle, hilarant du début à la fin, s’élève déjà presque au même niveau que des grosses pointures de l’humour comme François Bellefeuille et Laurent Paquin.
Hasard ou non, Bellefeuille et Lacroix partagent la même metteuse en scène (Marie-Christine Lachance) et le même auteur (Olivier Thivierge). De brillants collaborateurs.
UN PHÉNOMÈNE
Après une première partie sympathique de Matthieu Pepper, qui a blagué sur ses deux nièces et sur l’épicerie Maxi, Julien Lacroix a ouvert son spectacle avec une vidéo qui racontait son parcours.
Cette introduction expliquait très bien ce qu’est devenu le « phénomène Julien Lacroix » ces dernières années : un jeune homme de Longueuil qui a été refusé à l’École de l’humour et qui a bâti sa propre popularité sur le web.
Dans les 15 premières minutes, c’est un Lacroix presque survolté qui a foulé les planches. L’humoriste, qui a fignolé son spectacle dans les bars et soirées d’humour, livrait ses gags à la mitraillette, laissant très peu de répit au spectateur. C’était rodé au quart de tour.
« Y en a pas de différence entre les Advil et les Tylenol. C’est un mythe, lance-t-il. C’est comme dire : on ne donne pas de vin rouge à un bébé… »
En milieu de parcours, Julien Lacroix avait prévu parler avec le public durant une vingtaine de minutes. Mais, soirée de première oblige, la foule était assez peu réceptive à ses questions. Le segment, qui aurait pu tomber à plat, n’a pas du tout déstabilisé l’improvisateur chevronné qui en a profité pour insulter les spectateurs, le tout avec un sourire en coin, comme lui seul sait le faire.
SUBLIME AUTODÉRISION
Aucun tabou ne semble à l’épreuve du jeune comique. Il peut autant rire de l’alcool au volant, que d’un ami handicapé ou de son orientation sexuelle.
Le coup d’assommoir arrive à la fin quand Lacroix nous présente sur un écran des « capsules mode » qu’il a faites à dix ans. Le procédé peut rappeler ce que Bellefeuille faisait avec ses dessins d’enfance dans son dernier spectacle. Cette autodérision sublime cartonne auprès du public.
Julien Lacroix peut être fier de ce premier spectacle solo. Et contrairement à sa propre conclusion, ce n’est vraiment pas cher payé pour rire autant.