Le Journal de Montreal

Le nouveau visage de l’humour

Julien Lacroix a livré un excellent premier spectacle solo

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN

Julien Lacroix avait l’honneur d’ouvrir le bal des premières d’humour de l’automne. Et l’humoriste s’en est tiré de brillante façon, hier au MonumentNa­tional. Son premier spectacle solo, rempli de malaises volontaire­s, s’avère grandement efficace.

On s’attendait à du solide. On a eu droit à du très solide. Fort d’un spectacle rodé plus de 120 fois dans la dernière année et demie, Julien Lacroix est arrivé gonflé à bloc pour la première montréalai­se de Jusqu’ici tout va bien.

L’humoriste de 26 ans à qui tout réussit dernièreme­nt (web, télé, cinéma) voulait démontrer qu’il était aussi efficace en mode stand-up. Et le pari est pleinement relevé.

Son spectacle, hilarant du début à la fin, s’élève déjà presque au même niveau que des grosses pointures de l’humour comme François Bellefeuil­le et Laurent Paquin.

Hasard ou non, Bellefeuil­le et Lacroix partagent la même metteuse en scène (Marie-Christine Lachance) et le même auteur (Olivier Thivierge). De brillants collaborat­eurs.

UN PHÉNOMÈNE

Après une première partie sympathiqu­e de Matthieu Pepper, qui a blagué sur ses deux nièces et sur l’épicerie Maxi, Julien Lacroix a ouvert son spectacle avec une vidéo qui racontait son parcours.

Cette introducti­on expliquait très bien ce qu’est devenu le « phénomène Julien Lacroix » ces dernières années : un jeune homme de Longueuil qui a été refusé à l’École de l’humour et qui a bâti sa propre popularité sur le web.

Dans les 15 premières minutes, c’est un Lacroix presque survolté qui a foulé les planches. L’humoriste, qui a fignolé son spectacle dans les bars et soirées d’humour, livrait ses gags à la mitraillet­te, laissant très peu de répit au spectateur. C’était rodé au quart de tour.

« Y en a pas de différence entre les Advil et les Tylenol. C’est un mythe, lance-t-il. C’est comme dire : on ne donne pas de vin rouge à un bébé… »

En milieu de parcours, Julien Lacroix avait prévu parler avec le public durant une vingtaine de minutes. Mais, soirée de première oblige, la foule était assez peu réceptive à ses questions. Le segment, qui aurait pu tomber à plat, n’a pas du tout déstabilis­é l’improvisat­eur chevronné qui en a profité pour insulter les spectateur­s, le tout avec un sourire en coin, comme lui seul sait le faire.

SUBLIME AUTODÉRISI­ON

Aucun tabou ne semble à l’épreuve du jeune comique. Il peut autant rire de l’alcool au volant, que d’un ami handicapé ou de son orientatio­n sexuelle.

Le coup d’assommoir arrive à la fin quand Lacroix nous présente sur un écran des « capsules mode » qu’il a faites à dix ans. Le procédé peut rappeler ce que Bellefeuil­le faisait avec ses dessins d’enfance dans son dernier spectacle. Cette autodérisi­on sublime cartonne auprès du public.

Julien Lacroix peut être fier de ce premier spectacle solo. Et contrairem­ent à sa propre conclusion, ce n’est vraiment pas cher payé pour rire autant.

 ?? PHOTO MARIO BEAUREGARD, AGENCE QMI ?? Se décrivant lui-même comme un hyperactif, Julien Lacroix a livré un spectacle énergique rempli de savoureux malaises.
PHOTO MARIO BEAUREGARD, AGENCE QMI Se décrivant lui-même comme un hyperactif, Julien Lacroix a livré un spectacle énergique rempli de savoureux malaises.

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