Alerte pour les océans
Les eaux montent, se réchauffent et s’acidifient, menaçant la faune marine et engloutissant des côtes
Les océans et les glaciers se détériorent à un rythme si effréné à cause du réchauffement climatique, qu’ils menacent la vie sur Terre telle qu’on la connaît, si rien n’est fait.
Les océans et les glaciers encaissent le plus durement les conséquences du réchauffement climatique et les retombées seront catastrophiques pour des centaines de millions d’êtres humains, avertit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui a publié hier un rapport spécial.
Selon ce document, rédigé par des centaines de spécialistes, le niveau des océans monte aujourd’hui 2,5 fois plus vite qu’au siècle dernier et cette hausse va encore s’accélérer à cause de la fonte des glaciers. Les risques d’inondations et de cyclones s’intensifieront.
Les océans, qui couvrent 70 % de la planète, se réchauffent et s’acidifient aussi à une vitesse alarmante, menaçant la vie marine et la pêche commerciale. Ils ont absorbé plus de 90 % de la chaleur excédentaire du système climatique.
Les sombres changements aux océans ne s’arrêteront pas soudainement en baissant les émissions de gaz à effet de serre, mais leur rythme devrait être ralenti.
« Ça permettrait de gagner du temps », souligne la climatologue Valérie Masson-Delmotte, qui a participé à la rédaction du document de 900 pages.
LE QUÉBEC TOUCHÉ
« Ça presse, c’est urgentissime », tranche Catherine Potvin, professeure à l’Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les changements climatiques et les forêts tropicales. Les Québécois ne seront pas épargnés, prévient-elle.
La hausse du niveau des eaux ne fera qu’accélérer l’érosion des berges, qui est déjà une grande préoccupation le long du fleuve Saint-Laurent. Les populations du Grand Nord seront vulnérables à la fonte des glaces et au dégel du pergélisol.
Elle remarque que le degré de certitude des affirmations augmente chez les chercheurs.
« On n’a pas besoin de faire plus d’études, on a besoin d’agir », plaide-t-elle.
Le portrait dressé par le GIEC est très sombre, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras.
« C’est comme si tu vas voir le médecin et il t’apprend que tu as un cancer. Il n’est pas trop tard pour te soigner, mais tu décides de ne rien faire », illustre-t-elle.
« Il nous reste 10 ans pour une transformation majeure de notre société », poursuit Mme Potvin, faisant valoir que le Québec a déjà été « courageux et visionnaire », notamment avec l’hydro-électricité.
« LA FIN D’UN MONDE »
« C’est la fin d’un monde », souffle à son tour Alain Webster, de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke. Il faut remplacer les énergies fossiles polluantes sur lesquelles s’est fondée la société moderne, dit-il.
Heureusement, la technologie est au rendezvous. Il cite les énergies solaire et éolienne ou les voitures électriques, comme des preuves que le changement s’opère.
« En période électorale, on s’attend à ce que les candidats réagissent et nous démontrent leur volonté à travers des mesures claires [...]. Tout ce qui nous manque, c’est la volonté politique », lance Agnès Le Rouzic, de Greenpeace Canada.