À la rue pour un kilo de coke
Les parents d’un homme accusé de trafic pourraient perdre leur maison, dans laquelle était cachée la drogue
Un présumé trafiquant pourrait regretter amèrement d’avoir caché de la drogue chez ses parents à l’insu de ceux-ci puisque le couple d’octogénaires de Montréal-Nord risque de perdre sa maison aux mains de l’État.
L’Unité des produits de la criminalité du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a saisi un kilo de cocaïne — d’une valeur d’environ 50 000 $ — et 28 615 $ en argent comptant à l’intérieur d’un coffre-fort situé dans le garage des parents de Giuseppe Grasso, plus tôt cet été.
La police considère dorénavant cette résidence, dont l’évaluation municipale s’élève à 665 000 $, comme un « bien infractionnel » parce qu’elle a servi de « cache de stupéfiants », selon des documents judiciaires.
L’accusé de 50 ans a juré aux policiers que son père de 81 ans, qui serait « très malade », et sa mère de 80 ans « ne sont pas au courant de ses affaires criminelles » et qu’ils ignoraient ce que le coffre-fort contenait.
PAS LA PREMIÈRE FOIS
Toutefois, c’était la deuxième fois en sept ans que le fils se faisait confisquer des stupéfiants chez ses parents par le SPVM.
En 2012, Grasso avait été condamné à une peine de deux ans moins un jour de prison après que les policiers ont trouvé de la cocaïne, du cannabis et un revolver dans la chambre qu’il disait occuper à la résidence familiale.
La police avait également saisi plus d’un demi-million de dollars et d’autres armes à feu dans une maison dont il était propriétaire.
Cette fois, les enquêteurs disaient avoir « des motifs de croire que [ses parents] commettent de l’aveuglement volontaire » face aux activités de leur fils, selon la procureure générale du Québec, qui demande au tribunal de la désigner comme unique propriétaire de cette maison.
Le couple d’aînés n’est cependant accusé de rien et ne l’a pas été non plus en 2012.
À l’époque, l’État avait intenté des démarches semblables, mais les parents avaient finalement pu conserver leur résidence, qu’ils possèdent depuis 2001 et qui est libre de toute hypothèque, à la suite du plaidoyer de culpabilité de leur fils.
EN SANGLOTS
L’air contrit, Grasso a fait « une déclaration incriminante » aux enquêteurs à la suite de son arrestation, le 12 juin dernier, d’après des documents judiciaires.
Il disait craindre que sa récidive affecte ses parents au point de « les tuer », en ajoutant qu’ils ne lui ont pas parlé pendant un an après son arrestation en 2012 dans des circonstances comparables.
Sa mère a « éclaté en sanglots » immédiatement après que les policiers ont trouvé le kilo de coke et les liasses d’argent dans ce coffre-fort dont ni elle ni son mari ne connaissaient la combinaison.
SERRE DE CANNABIS
Avant cette perquisition, leur fils avait fait l’objet de plusieurs opérations de filature durant lesquelles les policiers l’ont observé « faire des contacts de courte durée et de nombreuses entrées et sorties d’immeubles qui s’apparentent à du trafic de stupéfiants ».
Une autre perquisition menée dans une maison appartenant à Grasso et louée à un autre individu, dans le quartier Rivièredes-Prairies, a aussi permis au SPVM de démanteler une serre illégale de 205 plants de marijuana, l’été dernier.
Giuseppe Grasso a obtenu sa remise en liberté provisoire le 6 septembre en attendant l’issue de sa cause. Advenant sa culpabilité, le Tribunal pourrait ordonner la confiscation de la résidence de ses parents.