Une lettre d’amour à Pierre Falardeau Une foule d’artistes rendent hommage au cinéaste décédé
Aux dires de sa veuve, Manon Leriche, Pierre Falardeau n’aimait « ni les hommages ni les partys ». N’en déplaise au défunt, c’est un rassemblement des plus festifs, engagé et rempli d’humour, qui a animé le cabaret La Tulipe, hier, à l’occasion de la soirée On célèbre Falardeau ,qui soulignait les 10 ans du décès de l’auteur et cinéaste indépendantiste.
Le spectacle affichait complet depuis longtemps, on avait peine à se déplacer entre les tables de la salle de l’avenue Papineau et, à moins de 30 minutes du mot de bienvenue, des passants optimistes faisaient encore le pied de grue sur le trottoir, à l’extérieur de l’établissement, espérant mettre la main sur un billet de dernière minute.
Ce n’est pas tous les jours qu’on commémore les 10 ans du départ – survenu le 25 septembre 2009 – d’un créateur de la trempe de Pierre Falardeau. En faisaient également foi les t-shirts, cartes de souhaits et affiches exclusives à l’effigie du regretté cinéaste en vente sur place. À l’intérieur, l’ambiance était survoltée, mais dès que la voix rauque de Falardeau s’est élevée, récitant le poème
le public est devenu attentif, respectueux comme le commandait le propos de celui qu’on célébrait. Puisqu’on était là pour saluer Pierre Falardeau et tous ses mots, Denis Trudel ne s’est pas privé de lire la tirade du polémiste rédigée au moment du décès de Pierre Elliott Trudeau, et promettait encore, au moment d’écrire ces lignes, de revenir sur celle, passée à l’histoire, destinée à Claude Ryan après sa mort.
« NOUS VAINCRONS »
En musique, Alexandre Belliard a interprété le très beau texte
tiré d’un des volets de l’album ,une magnifique ode au combat et aux écueils de Falardeau.
Manon Leriche a fait rigoler l’assistance en décrétant, justement, que son conjoint de 25 ans n’était pas friand des coups de chapeau du genre. « Je ne sais pas s’il va me pardonner une affaire comme à’ soir. Il est peut-être choqué… », a-t-elle badiné, avant d’enchaîner avec la lecture de deux pamphlets de son homme.
Des extraits d’un Pierre Falardeau vivant et sans compromis ont ponctué les numéros. Dans l’un d’eux, le réalisateur exprimait sa difficulté de faire des films, parce que toujours brimé par la censure et des gens « qui [l’]empêch[aient] de travailler ».
« On ne peut jamais faire des films sur notre histoire, sur plein de sujets, parce que notre pensée est contrôlée », a-t-il répété sur l’écran, avant qu’on ne projette un échantillon du long métrage
On a également revu Falardeau, son unique sourire baveux aux lèvres, répondre à une question de Paul Arcand, qui voulait savoir pourquoi il n’avait jamais intégré une cellule du FLQ. « Parce que je les connaissais pas ! » a-t-il dit.