Faire rire à tout prix
Au moment de sa nomination, Catherine Tait, nouvelle PDG de Radio-Canada, laissait entendre qu’elle mettrait l’accent sur l’information et les affaires publiques.
Son message n’est sans doute pas encore parvenu aux oreilles des responsables, car la légèreté, pour ne pas dire l’insignifiance, n’a jamais été aussi présente sur les ondes de Radio-Canada. Pour voir des émissions plus costaudes, il faut s’abonner à ses chaînes spécialisées. Comme si on ne payait pas déjà assez pour la télévision d’État.
La dernière trouvaille de l’équipe étoile des émissions culture, variétés et société, s’appelle Faites-moi rire. Cette heure d’humour (?) du vendredi soir nous ramène à l’époque des Tannants et de Garden Party, une époque que je croyais révolue.
Pauvre Pénélope McQuade ! Elle a beau gesticuler et se tordre les boyaux, ses collaborateurs et ses invités aussi, ils sont bien les seuls à se trouver aussi drôles. Je ne crois pas qu’apprendre que l’ADN de Marina Orsini la pousse à aimer la tendresse et les jokes de pet (eh ! oui) fassent crouler de rire le téléspectateur ordinaire. Pas plus que les inepties d’Ève Côté et de Bob le Chef dans un numéro de cuisine bouffon vu cent fois. Ou Pierre-Yves Roy-Desmarais personnifiant Jonas Demers, qui « pissait au lit » et qu’on surnommait « Jaunisse Demerde ».
DE LA TÉLÉ À LA RADIO
C’est le niveau de cette improbable nouveauté télévisuelle que Pénélope McQuade est appelée à défendre. N’en a-t-elle pas déjà plein les baskets à la Première chaîne où elle s’en tire beaucoup mieux qu’auraient pu croire ceux qui, comme moi, la trouvaient très superficielle dans son talk-show d’été.
À cause de Faites-moi rire, madame McQuade ne mettra que plus de temps à gagner la crédibilité dont elle a besoin pour faire oublier Catherine Perrin, Marie-France Bazzo et Christiane Charrette dans la case radiophonique qu’elle occupe.
Quand la barre est aussi haute, on ne perd pas son temps à folâtrer dans les chemins de traverse, surtout quand ils sont aussi vaseux que Faites-moi rire.
PENDANT CE TEMPS À V…
À V, où l’on vit d’espoir en attendant que Mother Bell puise dans sa grande sacoche, on a eu le flair de mettre en onde une autre perle de la téléréalité. Après Un dîner presque parfait et
L’amour est dans le pré, voilà qu’on a déniché du côté de la BBC l’attachante émission Eating With My Ex, rebaptisée tout simplement À table avec mon ex!
Comme l’indique le titre, deux ex (hétéros ou homosexuels) se retrouvent le temps d’un repas au resto. Ils se disent leurs quatre vérités, s’interrogent sur leur vie commune et explorent la possibilité de renouer ou de rompre pour de bon. Mine de rien, l’émission est un fascinant miroir des relations de couple et semble toujours trop brève.
À table avec mon ex ! est une copie conforme de l’émission de la BBC. Par contre, les Québécois étant moins diserts que les Britanniques, les moyens financiers et le temps de tournage étant plus restreints, on ajoute une narration qui rappelle celle d’André Ducharme à Un dîner presque parfait. C’est Ève Côté qui s’en charge avec plus d’humour et d’à-propos qu’elle en montre à
Faites-moi rire.
À table avec mon ex ! doit malheureusement affronter chaque soir District
31. C’est injuste.