La plus belle des médailles
Laurent Dubreuil allie sa carrière de patineur à sa nouvelle vie de papa
Les concurrents de Laurent Dubreuil percevront une étoile au coin de ses yeux quand il se présentera à sa première course de 500 m de la saison. Durant l’été, la vie a enrichi la carrière du patineur de vitesse d’un bonheur garanti : elle se prénomme Rose.
Née le 12 juillet, la petite princesse a déclenché chez son papa des comportements à l’opposé de son explosivité quand il s’arrache du départ et de sa fougue requise pour obtenir le chrono le plus rapide du jour sur une glace. Quand il y a Rose près de lui, l’athlète de Lévis s’abandonne plutôt dans l’affection et la douceur.
« Le sport, c’est bien beau, mais j’aime mieux être un meilleur père qu’un meilleur patineur », nous dit-il en caressant la main minuscule du bébé endormi sur la table à manger.
LE BON MOMENT
À 27 ans, Dubreuil a considéré avec sa conjointe, Andréanne Bastille, que le temps était venu de lancer une famille. La naissance est arrivée après la première année du cycle olympique, ce qui laissera du temps pour apprivoiser les nouvelles responsabilités parentales d’ici aux Jeux de Pékin, en 2022.
Cette enfant représente aussi le premier exemple de l’effet démographique que pourrait provoquer le nouveau Centre de glace à Québec, dont l’ouverture est prévue à l’automne 2020. Cette infrastructure retranchera l’équivalent de quatre semaines en stages d’entraînement d’été à Calgary auxquels doivent se soumettre les patineurs québécois, en plus des trois semaines qui les attendent en octobre en prévision des sélections pour la Coupe du monde.
« On va quand même être parti l’équivalent de deux mois et demi à l’étranger durant une année, mais ce n’est rien quand tu es habitué de partir durant cinq ou six mois depuis 10 ans », observe le spécialiste du sprint, 11e au classement final du 500 m de la Coupe du monde la saison dernière.
« Je veux patiner encore longtemps et j’ai toujours eu le rêve que mes enfants me voient patiner. Je ne veux pas que Rose se souvienne de moi, quand elle aura cinq ou six ans, comme le père qui n’a pas été là souvent. Je veux que ce soit positif, je veux que ça devienne de beaux souvenirs en famille », affirme-t-il, réjoui que « Rose est arrivée en été, ce qui fait que j’étais là pour les derniers mois de grossesse et le premier mois de sa vie ».
L’ENNUI PRÉVISIBLE
Parvenu dans la période optimale de sa carrière, le patineur de Lévis nous répétera plusieurs fois nourrir la même passion pour son sport, avec la même quête de grands objectifs et qu’il projette sa participation aux Jeux olympiques en 2026.
Sauf que désormais, un être précieux vient de s’ajouter à l’équation. Et Dubreuil anticipe déjà ses longues absences loin de la maison, comme celle de cinq semaines et demie pour les quatre Coupes du monde en Europe de l’Est et en Asie, en novembre et décembre.
Bons résultats ou non, toutefois, deux petits bras potelés l’attendront à son retour.
« Je ne suis pas à l’abri d’une mauvaise saison d’ici la fin de ma carrière, mais elle va être moins pire si Rose est en santé, qu’elle grandit bien et qu’elle est heureuse. C’est ce qui est le plus important dans ma vie. Si tu me donnes le choix de remporter le Championnat du monde, mais que Rose est malade, je rends mon titre si ça peut redonner la santé à ma petite fille... »