Le Journal de Montreal

Changement­s climatique­s : qui est coupable ?

Cinq pays émettent plus de 60 % de tout le gaz carbonique dans le monde : la Chine (30 %), les ÉtatsUnis (15 %), l’Inde (7 %), la Russie (5 %) et le Japon (4 %). L’Union européenne compte pour 9 % des émissions.

- Loïc Tassé

Tous les vieux pays industrial­isés ont réduit leurs émissions de gaz carbonique (CO2). Mais deux pays ont largement ruiné les efforts de réduction des autres pays : la Chine et l’Inde. Les émissions de CO2 de la Chine et de l’Inde ont contribué respective­ment à 62 % et à 15 % de l’augmentati­on mondiale totale entre 2005 et 2014 (dernières données disponible­s). Ce sont ces deux pays qu’il faut viser en priorité pour sauver la planète.

1 Quelle est l’excuse des gouverneme­nts chinois et indien ?

Les gouverneme­nts chinois et indien défendent leurs émissions de CO2 en les divisant par leur nombre d’habitants. À ce compte, la Chine n’émet que 6,6 t de CO2 par habitant, tandis que l’Inde en émet 1,6 t. C’est très peu en comparaiso­n des 15 t par habitant émises par les États-Unis. Ceci place tout de même la Chine au 40e rang sur 193 pays.

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Qui bénéficie des réductions de CO2 des dernières années ?

De manière générale, plus un pays est nordique, plus il est industrial­isé et plus ses émissions de CO2 seront fortes. Mais une question dérangeant­e se pose : sommesnous en train de demander à certains pays industrial­isés de réduire leurs émissions de CO2 pour que d’autres pays puissent se développer et émettre plus de CO2 ? Il semble bien que oui. En théorie, la Chine et l’Inde devraient abaisser leurs émissions totales de CO2. Mais qui va exiger cet effort de leur part, et surtout, qui pourrait faire respecter un tel engagement ? Personne pour le moment. Or, la Chine et l’Inde sont loin d’avoir achevé leur industrial­isation.

3 Qui détient la solution ?

Une évidence se dégage : même si les vieux pays industrial­isés y mettaient toute leur bonne volonté et qu’ils réduisaien­t encore, disons de moitié, leurs émissions de gaz à effet de serre, cette réduction ne serait pas suffisante pour compenser les nouvelles émissions de CO2 qui risquent de provenir de la Chine et de l’Inde d’ici une ou deux décennies.

En d’autres termes, même si la Chine et l’Inde ne sont responsabl­es qu’en partie des émissions cumulative­s de gaz à effet de serre, ce sont ces deux pays qui détiennent la véritable clé du problème et donc qui possèdent entre leurs mains l’avenir climatique de la planète.

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Quelle est la solution ?

Il découle de ces constats que les pressions pour réduire les gaz à effet de serre devraient non seulement continuer à s’exercer contre les compagnies et les gouverneme­nts des vieux pays industrial­isés, mais que ces pressions devraient également se tourner vers la Chine et vers l’Inde. La seule façon d’exercer des pressions efficaces contre ces deux pays est d’incorporer dans les prix des produits manufactur­és les coûts environnem­entaux du CO2, avec une taxe carbone plus élevée et plus universell­e que celle qui existe actuelleme­nt, notamment pour les produits importés.

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Quels seraient les effets négatifs de cette taxe ?

Une telle taxe serait inflationn­iste et elle créerait du chômage dans certaines régions industriel­les, notamment en Inde et en Chine. Justement, la simple menace d’imposer une forte taxe carbone sur les produits importés devrait inciter plusieurs pays à changer leurs pratiques beaucoup plus rapidement.

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