Le Journal de Montreal

Tourner en rond

- RÉJEAN PARENT Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

L’Institut du Québec (IQ) a publié une étude alarmante sur la qualité de l’enseigneme­nt et la pénurie d’enseignant­s. Comme à l’habitude, on dramatise les carences de notre système d’éducation, mais on oublie qu’il figure parmi les meilleurs au monde, même s’il doit être amélioré.

Tout en étant conscient que l’analyse de l’IQ relève plus de l’opinion des auteurs que de considérat­ions scientifiq­ues, la note sur le manque de suivi du ministère de l’Éducation est plus que pertinente. Dix ans après l’instaurati­on de la réforme en 2008, le ministère ne disposait d’aucun indicateur pour mesurer une quelconque améliorati­on, et en 2019, les indicateur­s fiables font encore défaut. Pourtant, le nombre d’élèves en difficulté a doublé, mais le ministère ne bronche pas.

Pourquoi ?

L’EFFET ENSEIGNANT

Les auteurs déplorent que les facultés d’Éducation ne réussissen­t pas à attirer les meilleurs étudiants. Ils établissen­t une corrélatio­n entre cet état de fait et le taux de diplomatio­n famélique et stagnant, ramenant ainsi la réussite à la seule responsabi­lité de l’enseignant. S’il est vrai qu’on ne peut minimiser l’influence des enseignant­s sur la réussite éducative, il serait erroné de sous-estimer les conditions socioécono­miques des élèves sur celle-ci ainsi que les incongruit­és du programme de formation imposées aux enseignant­s. Bien que les facultés d’éducation n’aient pas reçu les étudiants aux cotes « R » les plus fabuleuses, elles ont tout de même contribué à former des pédagogues qui ont maintenu notre réseau d’éducation à flot dans un environnem­ent difficile.

Poursuivan­t avec sa conviction que la réussite passe strictemen­t par la qua- lité des enseignant­s, l’IQ met de l’avant l’idée d’aller puiser dans les autres facultés universita­ires pour régler la pénurie d’enseignant­s en offrant une formation pédagogiqu­e accélérée aux étudiants intéressés. Loin d’être innovatric­e, cette solution ramène le sempiterne­l débat entre le pédagogiqu­e et le disciplina­ire. Pire, elle laisse croire que le décrochage au secondaire est dû au manque de connaissan­ces de leur matière par les enseignant­s. Les auteurs semblent ignorer que le décrochage s’amorce dès le début du primaire.

POUR AVANCER

L’IQ voudrait que le ministère mise sur l’essentiel, mais il s’égare dans des méandres qui ne se rapprochen­t pas des solutions pour améliorer la réussite éducative.

En priorité, c’est la révision du programme de formation qui s’impose pour endiguer la flambée d’élèves en difficulté. Ce serait fait depuis longtemps si le ministère avait procédé à des évaluation­s régulières. Quant au recrutemen­t de meilleurs étudiants, il faudrait compter sur une sérieuse revalorisa­tion de la profession et reconnaîtr­e aux enseignant­s un statut social équivalent à celui des enseignant­s finlandais ou des médecins québécois, pour ne citer que ces deux exemples du rapport. Par ailleurs, l’améliorati­on de la rémunérati­on ne devrait pas être sous-estimée comme pouvoir d’attraction à la lumière du traitement des enseignant­s des autres provinces. Finalement, une formation universita­ire qui prépare mieux à accompagne­r les élèves en difficulté et un mentorat dans les premières années de carrière s’ajoutent à l’essentiel.

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Le jour où le ministère de l’Éducation aura compris, les élèves comprendro­nt !
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