Un Canadien sur le podium du 5000 m
Mohammed Ahmed brille aux Mondiaux d’athlétisme
DOHA, Qatar | (AFP) Le Canadien Mohammed Ahmed s’est révélé au monde hier en terminant troisième du 5000 m aux Championnats mondiaux d’athlétisme.
Trop long (12 tours et demi), jugé pas assez « sexy » pour la télévision, le 5000 m a été sacrifié par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), qui l’a retiré du programme de la Ligue de diamant l’année prochaine. La course de Doha, événement le plus spectaculaire des Mondiaux jusque-là, lui a donné tort.
Au bout du suspense, elle a sacré pour la deuxième fois d’affilée l’Éthiopien Muktar Edris (12 min 58,85 s) devant son jeune compatriote Selemon Barega (12:59.70) et le Canadien Mohammed Ahmed (13:01.11).
Edris (25 ans), très discret cette saison, s’est permis de former un « M » avec ses mains au-dessus de sa tête, un clin d’oeil à son prénom, mais aussi à sa victoire de 2017 devant le Britannique Sir Mo Farah (passé depuis au marathon) chez lui à Londres, qu’il avait déjà taquiné de la sorte à l’époque.
Avec Telahun Bekele (20 ans), les coureurs est-africains partaient favoris, mais devaient se méfier de la famille Ingebrigtsen, trois frères norvégiens se retrouvant pour la première fois dans une finale mondiale, et notamment du petit dernier Jakob (19 ans), le plus doué.
RYTHME ÉLEVÉ
D’entrée de jeu, les Éthiopiens ont pris les devants et maintenu un rythme très élevé, une rareté lors d’un grand championnat, pour fatiguer les Ingebrigtsen, aux records moins prestigieux sur la distance.
« Nous nous sommes relayés pour courir vite, tour après tour », a expliqué Bekele après la course, assumant une stratégie d’équipe qui l’a conduit à profiter lui aussi d’un tour d’honneur, drapeau autour du corps et joie partagée, après avoir terminé pourtant 4e.
« J’ai été heureux d’être soutenu par beaucoup d’Éthiopiens ici à Doha, ça nous a aidés, donné de la force », s’est-il réjoui alors que la communauté locale de ses compatriotes a enfin assuré un peu d’ambiance dans le stade Khalifa.
Émoussés par le tempo, Henrik (le moustachu, 13e) et Filip (le plus grand, abandon en fin de course) ont été largués, ne laissant plus que Jakob pour défendre la tribu de Stavanger (sud-ouest de la Norvège), chapeautée par le papa Gjert, entraîneur autodidacte et autoritaire. Et il réservait le grand jeu pour la fin de course.
GRAND SPECTACLE
Le double champion d’Europe 2018 (1500 m et 5000 m) a tenté une accélération progressive dans le dernier tour, sa spécialité. Mais il a été contré et n’a pu que s’incliner, plongeant sur la ligne pour sauver une anecdotique cinquième place.
« La course était incroyable, c’était fou d’en faire partie et de courir contre ces gars incroyablement forts. J’étais venu pour l’or, j’ai tout tenté, j’ai fini épuisé », a-t-il commenté dans la zone mixte.
Le spectacle offert par les coureurs interpelle après deux soirées de sprint décevantes (100 m hommes et femmes devant un public clairsemé), et alors que l’IAAF a décidé de réformer la Ligue de diamant l’année prochaine. La fédération supprime un meeting et des épreuves, notamment le 5000 m, pour la rendre plus lisible et plus télégénique.