Un candidat libéral embarrassant
Connaissez-vous Sameer Zuberi ? Tout fraîchement désigné, il est le candidat du Parti libéral du Canada dans le comté montréalais de Pierrefonds-Dollard. Jusqu’à hier soir, pour lui, les défenseurs de la laïcité sont des extrémistes racistes.
Monsieur Zuberi ne veut carrément rien savoir de la loi 21 du gouvernement caquiste de François Legault. Il s’oppose si farouchement qu’il a même fait la promotion d’une grève de la faim pour dénoncer la pièce législative au mois de juin dernier. Il a déjà affirmé que le premier ministre tenait des propos racistes quand il parlait de l’enjeu du faible taux de natalité au Québec et de la démographie.
Le jeune candidat de 39 ans, diplômé en droit et en mathématique, se présente comme un ardent défenseur des droits de la personne et du respect des minorités. L’annonce de sa candidature a été dénoncée par le Parti conservateur, qui lui reprochait notamment une déclaration controversée dans une publication Facebook en 2011. Zuberi semblait alors remettre en doute l’implication d’Oussama Ben Laden dans les attentats du 11 septembre 2001. À la suite de cette controverse, il a souligné qu’il n’avait jamais remis en question la responsabilité du chef d’Al-Qaïda.
DRAINVILLE ET L’ÉTAT ISLAMIQUE
Mais Sameer Zuberi semble être un habitué des déclarations déroutantes. À preuve, cette entrevue accordée à la radio anglaise du campus de l’Université McGill en 2016, que j’ai pu écouter.
Dans cet entretien, l’actuel candidat libéral revient sur l’épisode de la Charte des valeurs du Parti québécois. Sans détour, il qualifie le projet de loi du gouvernement Marois, abandonné après la victoire du PLQ, de raciste. C’est en évoquant le souvenir de Bernard Drainville, le père de la Charte, que Zuberi tient les propos les plus durs.
Il déclare que ce dernier tenait un discours marginalisant et résolument raciste. Puis, il affirme : « Je ne sais pas d’où vient Drainville, mais s’il était dans un autre contexte, disons en Irak ou en Syrie, il aurait été membre de l’État islamique. C’est un penseur extrémiste et si ailleurs ceux-ci joignent des groupes d’extrémistes ( comme l’ÉI), ici ils proposent une Charte des valeurs. »
Prenez un instant pour relire cette affirmation. C’est franchement révoltant. Pour Sameer Zuberi, la laïcité québécoise se compare aux motivations extrêmes du pire groupe terroriste à avoir sévi au cours des dernières années.
EXCUSES
Confronté à ces propos, le PLC m’a transmis en début de soirée hier une déclaration du candidat dans laquelle il s’excuse sans détour. Les propos sont également condamnés fermement par la direction du parti.
N’empêche. À la lumière de l’ensemble des prises de position passées de Sameer Zuberi, il est permis de se questionner sur le degré d’authenticité découlant de son mea culpa. Ce faisant, Justin Trudeau devra expliquer comment il peut tolérer de telles sorties. Écoutez Jonathan Trudeau en semaine à 10 h sur QUB radio
Les versions intégrales de l’entrevue ainsi que des déclarations sont disponibles sur le site web du Journal au : jdem.com/sameer-zuberi