Le Journal de Montreal

Le mouton qui aimait se faire tondre

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Avez-vous déjà vu L’eau chaude, l’eau frette d’André Forcier ?

Cette comédie truculente sortie en 1976 se déroule dans une maison de chambres sur la rue Saint-Denis. Les locataires, des marginaux sans le sou qui tirent le diable par la queue, organisent un gros party pour fêter le 43e anniversai­re d’un usurier qui les exploite et les saigne à blanc.

Pour Forcier, c’était ça, le Québec.

Des exploités qui célèbrent leur exploiteur.

MONSIEUR TCHIK-A-TCHIK

Quand je regarde la plateforme de Justin Trudeau, je pense au film de Forcier.

Les libéraux fédéraux avaient annoncé un retour à l’équilibre budgétaire cette année.

Or, comme Michel Girard l’a écrit hier, non seulement ce n’est pas le cas, mais Justin prévoit également un déficit de 94 milliards au cours des quatre prochaines années !

Si le PLC est réélu, le 21 octobre prochain, la dette nationale dépassera le cap des 800 milliards de dollars dans quatre ans ! Alors que l’économie va bien ! Habituelle­ment, on s’endette quand ça va mal. On emprunte de l’argent à la banque pour traverser les périodes de vaches maigres. Justin, lui, emprunte quand l’économie est en pleine croissance !

Comme le Toronto Sun le titrait cette semaine : « Tax, borrow, spend ! »

Taxe les contribuab­les, emprunte de l’argent et dépense au max.

C’est ça, la recette de Justin. Presser le citron des contribuab­les, et nous donner des cadeaux payés à même notre argent.

Qui va payer pour le party que Justin est en train d’organiser ?

Les jeunes.

Et pour qui les jeunes s’apprêtent-ils à voter ?

Pour Justin. Comprenne qui pourra.

Les jeunes sont comme les personnage­s de L’eau chaude, l’eau

frette : ils donnent la bascule au gars qui va les saigner à blanc.

PAYEZ, LES JEUNES !

Les jeunes descendent dans la rue, car ils ne veulent pas qu’on leur laisse une planète sale. O.K., parfait.

Mais savez-vous ce que nous sommes en train de vous laisser, les amis ?

Une dette astronomiq­ue.

On est au resto, on s’en met plein la panse, des crevettes, du caviar, du champagne, des p’tits fours, alouette, et on vous laisse la facture !

On est comme le gars qui sort avec ses chums et qui va toujours aux toilettes quand l’addition arrive.

Et vous ne dites rien. Vous ne bronchez pas. C’est même pire : quand un commentate­ur de droite ose dire qu’il faudrait peut-être arrêter de creuser le déficit avec une pépine et commencer à se serrer la ceinture, vous déchirez votre chemise en disant que c’est épouvantab­le !

Allo ?

On vous tond et vous en redemandez ?

On vous presse comme des citrons et vous applaudiss­ez ?

BÊÊÊÊÊ

Les jeunes donnent la bascule au gars qui va les saigner à blanc.

Voilà pourquoi il est important d’enseigner les bases de l’économie à l’école.

Pour que les contribuab­les arrêtent de se faire fourrer en rigolant.

Mais quand le gouverneme­nt a dit qu’il allait ajouter un cours d’initiation à la vie économique dans le cursus académique, les syndicats ont grimpé dans les rideaux en disant : « Il n’en est pas question ! Vous ne transforme­rez pas nos jeunes en vilains capitalist­es ! »

C’est ça, laissez-les dans l’ignorance.

Tout contents de se faire tondre par l’héritier d’une grosse fortune.

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