Le maire de Saint-Lambert à la chasse aux sources
Il veut savoir qui a donné des documents confidentiels
Le maire de Saint-Lambert a lancé une chasse aux sources journalistiques. Il a embauché une firme externe pour interroger des élus et a même fait fouiller les courriels de conseillers municipaux, a appris notre Bureau d’enquête.
Selon nos informations, les élus de cette ville de la Rive-Sud de Montréal ont appris que leurs courriels avaient été espionnés lors d’une réunion, lundi soir. Joints au téléphone hier, certains d’entre eux étaient surpris et en colère.
« Je n’étais pas au courant. Je suis une conseillère indépendante. Il faudra prendre des mesures », a dénoncé la conseillère Brigitte Marcotte.
DOCUMENTS PRIVILÉGIÉS
Tout a débuté en juillet dernier lorsque le maire, Pierre Brodeur, a annoncé avoir octroyé un mandat à une firme externe pour une « enquête sur le devoir de confidentialité » des élus.
« Certains documents confidentiels et privilégiés se sont retrouvés entre les mains des médias. Tous les membres du conseil municipal ont reçu des mises en demeure. [...] Ces incidents m’obligent en tant que maire à prendre les responsabilités qui s’imposent », avait déclaré M. Brodeur lors d’une séance du conseil municipal.
Selon nos informations, la fuite concernerait un projet immobilier dont les détails auraient été publiés dans un journal local.
Au cours des dernières semaines, plusieurs conseillers municipaux ont été rencontrés et interrogés par la firme embauchée par Saint-Lambert.
« Je ne suis pas sûre de l’honnêteté du mandat [de l’enquête]. On ne l’a pas autorisé », affirme Mme Marcotte.
Contacté hier, le maire Brodeur a refusé de répondre à nos questions, affirmant que la réunion de lundi était confidentielle. Il n’a pas voulu non plus nous donner de détails sur l’identité de la firme embauchée, la nature exacte de son mandat ou encore les coûts reliés à cette enquête.
RELATIONS MALSAINES
« Ça fait juste réaffirmer les problèmes de gouvernance [à la Ville]. […] On n’est pas dans des relations saines », a commenté le conseiller Bernard Rodrigue, qui a accusé le maire de l’avoir intimidé, en avril. Pierre Brodeur avait alors tout nié en bloc.
« C’est dommage que l’administration municipale continue sa chasse aux sorcières aux frais des contribuables contre ceux qui parlent aux journalistes, a commenté Stéphane Giroux, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Ce n’est pas la première fois que Saint-Lambert attire les projecteurs pour les mauvaises raisons. Cela démontre que l’administration préfère réduire ses conseillers au silence plutôt que de promouvoir la transparence. »