Le Journal de Montreal

Un enquêteur de l’UPAC avait eu un pot-de-vin

Son renvoi, décrété en 2015, a été confirmé au cours des derniers mois

- CHRISTOPHE­R NARDI

Un tribunal a récemment confirmé le congédieme­nt d’un enquêteur de l’UPAC mandaté pour faire des vérificati­ons d’intégrité. Le corps policier s’en était débarrassé parce qu’il avait demandé et reçu un pot-de-vin en 2007.

Cette décision d’arbitrage survenue en mai dernier vient déballer cette histoire, qui ajoute aux déboires qu’a connus l’UPAC au cours des dernières années.

Depuis 2013, Nicolas Shakamay travaillai­t en tant qu’analyste-investigat­eur de la Sûreté du Québec (SQ) au sein de la Division des investigat­ions et des vérificati­ons de l’intégrité des entreprise­s de l’UPAC. Celle-ci est chargée de s’assurer que les entreprise­s qui soumission­nent des contrats publics sont intègres.

Sa carrière au sein de la police s’est terminée abruptemen­t, deux ans et demi plus tard, quand ses supérieurs ont eu vent de plusieurs allégation­s d’actes interdits, voire « criminels », qu’il aurait commis pendant et avant son travail à la SQ.

« Vous avez sollicité et obtenu une somme d’argent avoisinant 3500 $ d’un citoyen congolais désirant étudier au Québec afin de lui garantir une éligibilit­é au programme d’exemptions des droits de scolarité exigés des élèves étrangers », peut-on lire dans la lettre de congédieme­nt de Nicolas Shakamay.

POT-DE-VIN

Ce citoyen congolais est Patrice Ekomodi Totshingo, une connaissan­ce qui aspirait à étudier au Canada.

En 2007, celui-ci voulait savoir comment diminuer ses frais de scolarité, alors M. Shakamay l’a convaincu de lui verser des milliers de dollars, lit-on dans la décision.

En échange, il disait qu’il se servirait d’une partie de cet argent pour soudoyer un employé de l’ambassade congolaise au Canada, qui ferait une demande d’exemption des droits de scolarité.

« La preuve administré­e démontre de façon prépondéra­nte et convaincan­te que les démarches [de M. Shakamay] auprès de M. Totshingo et de l’ambassade du Congo sont illégales avec ses fonctions à la SQ », tranche l’arbitre Claire Brassard dans sa décision.

En guise de preuve, le document cite des courriels envoyés par M. Shakamay, qui montrent qu’il a demandé et reçu de l’argent de M. Totshingo (voir encadré).

En entrevue à notre Bureau d’enquête, M. Shakamay a affirmé que l’arbitre avait tout mal compris et qu’il n’avait jamais eu l’intention de corrompre qui que ce soit. Il a aussi nié avoir transmis un pot-de-vin à l’ambassade du Congo, tout en avouant qu’il avait commis une « erreur de jugement » en suggérant à M. Totshingo qu’il devrait soudoyer un fonctionna­ire.

L’UPAC, de son côté, explique que M. Shakamay n’a jamais été directemen­t un de ses employés, mais faisait partie d’un autre organisme qu’elle chapeautai­t.

La lettre de congédieme­nt affirme que M. Shakamay avait menti devant un tribunal en 2014 dans le cadre d’une autre poursuite en diffamatio­n qu’il avait entamée contre M. Totshingo.

L’ex-employé de la SQ aurait aussi menti au sujet des employés de sa compagnie de consultant informatiq­ue.

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