Le Journal de Montreal

Déchirant projet au Sag-Lac

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Le dilemme économie-environnem­ent est déchirant, on le sait.

S’il y a un thème qui l’illustre dans la campagne au Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’est bien le projet GNL-Québec.

Ce grand gazoduc partirait du nord de l’Ontario et amènerait du gaz naturel liquéfié vers un port en eau profonde au Saguenay.

Parmi les plus favorables, il y a le conservate­ur et ancien entraîneur de hockey Richard Martel, candidat dans Chicoutimi-Le Fjord.

Son parti et lui ne disent pas un

« oui » définitif toutefois, car les évaluation­s environnem­entales fédérales et québécoise­s ne sont pas encore bouclées. De plus, le gouverneme­nt du Québec doit se prononcer.

Mais d’affirmer que Martel a un préjugé favorable est un euphémisme : « C’est un projet qui va amener des jobs, ça va permettre aux gens de l’extérieur de revenir et de venir aussi, c’est des retombées économique­s extrêmemen­t importante­s », m’expliquet-il passionném­ent dans le petit matin du Tim Hortons de La Baie.

Voilà un autre exemple où les conservate­urs se collent à une position du gouverneme­nt Legault.

Au reste, le tracé de GNL-Québec pourrait même constituer un bout de ce « corridor énergétiqu­e » promis par Andrew Scheer, admet Martel.

OPPOSITION

Évidemment, dans les grands centres, plusieurs citadins légitimeme­nt préoccupés par l’urgence climatique ont peine à comprendre l’engouement. À leurs yeux, le gazoduc ne devrait pas se faire, point final.

Au Sag-Lac non plus, le projet ne fait pas l’unanimité. Le PQ et le député de Jonquière à l’Assemblée nationale, Sylvain Gaudreault, sont contre.

Et le 27 septembre, à Saguenay, plusieurs marcheurs pour le climat ont terminé leur déambulati­on devant le local électoral de Martel pour protester.

Il ne s’en émeut pas : « Cette marche-là a été un peu ratée. Il y avait contre le projet GNL et les autres qui voulaient marcher pour le climat. Il y a eu un petit peu de discorde. »

TOUS VERTS

Le NPD et le Bloc marchent eux… sur des oeufs dans ce dossier aussi.

Politologu­e et candidat dans Jonquière, le bloquiste Mario Simard soutient que le projet relève des compétence­s provincial­es et que le Bloc n’a donc pas à se mouiller. « On n’a toutefois pas de sympathie pour les hydrocarbu­res », souligne-t-il au passage.

En entrevue, la néo-démocrate Karine Trudel, députée et candidate dans Jonquière, déplore la polarisati­on que suscite GNL-Québec. Elle et son parti se disent « ouverts au projet », mais ont émis plusieurs conditions pour le rendre acceptable.

Dire qu’elles sont exigeantes est un euphémisme !

Le projet devra, entre autres, être carboneutr­e ; passer le test des évaluation­s environnem­entales ; l’exploitant devra vendre son gaz naturel uniquement à des marchés où ont été adoptés des plans de transition vers une économie décarbonis­ée et un plan de démantèlem­ent des installati­ons, qui serait effectué en 2050, devra être déposé.

Même Richard Martel soutient que le projet doit être le plus « vert » possible. « On est en transition actuelleme­nt. Mais de tout arrêter et fermer la switch, je pense que ce n’est pas possible. »

Autre manière d’illustrer le dilemme mentionné plus haut !

Les conservate­urs se collent à une position du gouverneme­nt Legault

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Richard Martel
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