Déchirant projet au Sag-Lac
Le dilemme économie-environnement est déchirant, on le sait.
S’il y a un thème qui l’illustre dans la campagne au Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’est bien le projet GNL-Québec.
Ce grand gazoduc partirait du nord de l’Ontario et amènerait du gaz naturel liquéfié vers un port en eau profonde au Saguenay.
Parmi les plus favorables, il y a le conservateur et ancien entraîneur de hockey Richard Martel, candidat dans Chicoutimi-Le Fjord.
Son parti et lui ne disent pas un
« oui » définitif toutefois, car les évaluations environnementales fédérales et québécoises ne sont pas encore bouclées. De plus, le gouvernement du Québec doit se prononcer.
Mais d’affirmer que Martel a un préjugé favorable est un euphémisme : « C’est un projet qui va amener des jobs, ça va permettre aux gens de l’extérieur de revenir et de venir aussi, c’est des retombées économiques extrêmement importantes », m’expliquet-il passionnément dans le petit matin du Tim Hortons de La Baie.
Voilà un autre exemple où les conservateurs se collent à une position du gouvernement Legault.
Au reste, le tracé de GNL-Québec pourrait même constituer un bout de ce « corridor énergétique » promis par Andrew Scheer, admet Martel.
OPPOSITION
Évidemment, dans les grands centres, plusieurs citadins légitimement préoccupés par l’urgence climatique ont peine à comprendre l’engouement. À leurs yeux, le gazoduc ne devrait pas se faire, point final.
Au Sag-Lac non plus, le projet ne fait pas l’unanimité. Le PQ et le député de Jonquière à l’Assemblée nationale, Sylvain Gaudreault, sont contre.
Et le 27 septembre, à Saguenay, plusieurs marcheurs pour le climat ont terminé leur déambulation devant le local électoral de Martel pour protester.
Il ne s’en émeut pas : « Cette marche-là a été un peu ratée. Il y avait contre le projet GNL et les autres qui voulaient marcher pour le climat. Il y a eu un petit peu de discorde. »
TOUS VERTS
Le NPD et le Bloc marchent eux… sur des oeufs dans ce dossier aussi.
Politologue et candidat dans Jonquière, le bloquiste Mario Simard soutient que le projet relève des compétences provinciales et que le Bloc n’a donc pas à se mouiller. « On n’a toutefois pas de sympathie pour les hydrocarbures », souligne-t-il au passage.
En entrevue, la néo-démocrate Karine Trudel, députée et candidate dans Jonquière, déplore la polarisation que suscite GNL-Québec. Elle et son parti se disent « ouverts au projet », mais ont émis plusieurs conditions pour le rendre acceptable.
Dire qu’elles sont exigeantes est un euphémisme !
Le projet devra, entre autres, être carboneutre ; passer le test des évaluations environnementales ; l’exploitant devra vendre son gaz naturel uniquement à des marchés où ont été adoptés des plans de transition vers une économie décarbonisée et un plan de démantèlement des installations, qui serait effectué en 2050, devra être déposé.
Même Richard Martel soutient que le projet doit être le plus « vert » possible. « On est en transition actuellement. Mais de tout arrêter et fermer la switch, je pense que ce n’est pas possible. »
Autre manière d’illustrer le dilemme mentionné plus haut !
Les conservateurs se collent à une position du gouvernement Legault