Le Journal de Montreal

Une chance que tu t’appelles vert !

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

La chef des verts Elizabeth May a décrit la prochaine élection comme un référendum sur le climat. La technique est connue : définir la question de l’urne autour d’un enjeu en se plaçant seul du bon côté de la clôture.

Mme May établit le climat comme sujet au-dessus de tout. Étant sous-entendu que si vous pensez cela aussi, vous devriez voter pour elle, les autres partis étant tous mis dans le même sac, celui des pas verts.

Il y a bien des choses discutable­s dans son affirmatio­n. D’abord, aussi important que soit le thème de l’environnem­ent, je ne crois pas que ce soit la question de l’urne pour la majorité des électeurs. Mais même pour ceux qui votent en fonction de l’environnem­ent, il est loin d’être évident que le Parti vert ait le monopole des réponses valables.

PAS FORT

Ce jeune parti n’a pas impression­né depuis le début de cette campagne. Ses gaffes et faiblesses auraient coulé une autre formation. Malgré tout, les sondages le maintienne­nt autour des 10 %, du jamais vu. Sincèremen­t, ce parti doit tout à son nom : « Vert ».

Ses positions sont difficilem­ent compréhens­ibles sur plusieurs enjeux. Même sur l’environnem­ent, on peine à comprendre exactement où loge le parti d’Elizabeth May.

Le Canada devrait utiliser son propre pétrole plutôt que de l’importer. Alors, il faut construire des pipelines et exploiter les sables bitumineux ? Au début, oui. Puis finalement, non. Les verts donnent l’impression de lancer des politiques sur la place publique, puis de les changer après avoir constaté la désapproba­tion de leurs propres troupes.

Sur l’avortement, la chef du Parti vert a fait sursauter tout le monde avec une position alambiquée. Encore là, l’impression qui se dégage, c’est

LA PAILLE DANS L’OEIL

May que les clarificat­ions surviennen­t après des discussion­s houleuses à l’interne.

Lorsque le député Pierre Nantel (transfuge passé des néo-démocrates aux verts) s’est déclaré ouvertemen­t souveraini­ste, la chef Elizabeth May a fait des acrobaties pathétique­s pour réconcilie­r tout cela. On a fini par se demander si elle comprend vraiment la réalité politique québécoise. Chose certaine, elle a prouvé son absence d’autorité dans sa formation politique.

Le Parti vert n’a pas le monopole de l’environnem­ent. Combien d’électeurs pourraient voter seulement en fonction du nom du parti ?

La cerise sur le sundae amer, c’est cette photo que les verts ont truquée, avec un logiciel, afin de mettre un verre et une paille plus écologique­s dans les mains de leur chef. Anecdotiqu­e ? Pas tant que ça. Un parti écologiste devrait fuir tout ce qui s’appelle recherche d’une image verte pour se concentrer sur le fond. Là, le parti vert a agi comme les multinatio­nales qui ne font que soigner l’apparence.

En somme, si vous avez l’intention de fonder votre vote sur l’environnem­ent, faites l’effort de comparer les programmes des partis en la matière. Ne vous fiez pas seulement au nom !

La possibilit­é existe que le Parti vert détienne la balance du pouvoir dans un mois. Il faudra commencer à questionne­r sérieuseme­nt ce parti sur son sérieux et son sens des responsabi­lités.

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