Une chance que tu t’appelles vert !
La chef des verts Elizabeth May a décrit la prochaine élection comme un référendum sur le climat. La technique est connue : définir la question de l’urne autour d’un enjeu en se plaçant seul du bon côté de la clôture.
Mme May établit le climat comme sujet au-dessus de tout. Étant sous-entendu que si vous pensez cela aussi, vous devriez voter pour elle, les autres partis étant tous mis dans le même sac, celui des pas verts.
Il y a bien des choses discutables dans son affirmation. D’abord, aussi important que soit le thème de l’environnement, je ne crois pas que ce soit la question de l’urne pour la majorité des électeurs. Mais même pour ceux qui votent en fonction de l’environnement, il est loin d’être évident que le Parti vert ait le monopole des réponses valables.
PAS FORT
Ce jeune parti n’a pas impressionné depuis le début de cette campagne. Ses gaffes et faiblesses auraient coulé une autre formation. Malgré tout, les sondages le maintiennent autour des 10 %, du jamais vu. Sincèrement, ce parti doit tout à son nom : « Vert ».
Ses positions sont difficilement compréhensibles sur plusieurs enjeux. Même sur l’environnement, on peine à comprendre exactement où loge le parti d’Elizabeth May.
Le Canada devrait utiliser son propre pétrole plutôt que de l’importer. Alors, il faut construire des pipelines et exploiter les sables bitumineux ? Au début, oui. Puis finalement, non. Les verts donnent l’impression de lancer des politiques sur la place publique, puis de les changer après avoir constaté la désapprobation de leurs propres troupes.
Sur l’avortement, la chef du Parti vert a fait sursauter tout le monde avec une position alambiquée. Encore là, l’impression qui se dégage, c’est
LA PAILLE DANS L’OEIL
May que les clarifications surviennent après des discussions houleuses à l’interne.
Lorsque le député Pierre Nantel (transfuge passé des néo-démocrates aux verts) s’est déclaré ouvertement souverainiste, la chef Elizabeth May a fait des acrobaties pathétiques pour réconcilier tout cela. On a fini par se demander si elle comprend vraiment la réalité politique québécoise. Chose certaine, elle a prouvé son absence d’autorité dans sa formation politique.
Le Parti vert n’a pas le monopole de l’environnement. Combien d’électeurs pourraient voter seulement en fonction du nom du parti ?
La cerise sur le sundae amer, c’est cette photo que les verts ont truquée, avec un logiciel, afin de mettre un verre et une paille plus écologiques dans les mains de leur chef. Anecdotique ? Pas tant que ça. Un parti écologiste devrait fuir tout ce qui s’appelle recherche d’une image verte pour se concentrer sur le fond. Là, le parti vert a agi comme les multinationales qui ne font que soigner l’apparence.
En somme, si vous avez l’intention de fonder votre vote sur l’environnement, faites l’effort de comparer les programmes des partis en la matière. Ne vous fiez pas seulement au nom !
La possibilité existe que le Parti vert détienne la balance du pouvoir dans un mois. Il faudra commencer à questionner sérieusement ce parti sur son sérieux et son sens des responsabilités.